Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1865, tome 2.djvu/226

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SÉBASTIEN.

C’est dommage qu’il soit tombé à plat.

GONZALO, à Antonio et à Sébastien.

Vous êtes des gentilshommes d’intrépide humeur. Vous enlèveriez la lune de sa sphère, si elle y restait cinq semaines sans changer.

Entre Ariel, invisible. Musique solennelle.
SÉBASTIEN.

Oui certes, et puis nous irions à la chasse aux chauves-souris.

ANTONIO, à Gonzalo.

Là, mon bon seigneur, ne vous fâchez pas.

GONZALO.

Non, je vous le garantis. Je ne compromets pas si futilement ma gravité ; vous pouvez rire de moi jusqu’à m’endormir ; car je me sens déjà tout appesanti.

ANTONIO.

Allons, dormez en nous écoutant.

Tous s’endorment, excepté Alonso, Sébastien et Antonio.
ALONSO.

— Quoi ! tous si vite endormis ! Puissent mes yeux — ne pas se clore sans clore mes pensées ! Je les sens — disposés à se fermer.

SÉBASTIEN.

De grâce, seigneur, — ne repoussez pas l’accablement du sommeil. — Il visite rarement la douleur ; quand il le fait, — c’est pour la consoler.

ANTONIO.

Nous deux, monseigneur, — nous garderons votre personne, tandis que vous prendrez du repos, — et nous veillerons à votre sûreté.