Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 7.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
ANTOINE ET CLÉOPATRE.

POMPÉE.

Je réussirai, — le peuple m’aime et la mer est à moi. — Ma puissance est à son croissant, et mes pressentiments — me disent qu’elle atteindra son plein. Marc-Antoine — est à dîner en Égypte et il n’ira pas — faire la guerre au dehors ; César amasse de l’argent, — tandis qu’il perd des cœurs ; Lépide les flatte tous deux, — et tous deux le flattent ; mais il n’aime ni l’un ni l’autre, — et ni l’un ni l’autre ne se soucie de lui.

MÉNÉCRATE.

César et Lépide — sont en campagne ; ils commandent des forces imposantes.

POMPÉE.

— D’où tenez-vous cela ? c’est faux.

MÉNÉCRATE.

De Silvius, seigneur.

POMPÉE.

— Il rêve ; je sais qu’ils sont tous deux à Rome, — attendant Antoine. Mais que tous les charmes de l’amour, — ô lascive Cléopâtre, adoucissent ta lèvre flétrie ! — que la magie se joigne à la beauté, la luxure à toutes deux ! — Enferme le libertin dans une lice de fêtes ; — maintiens son cerveau dans les fumées ; que des cuisiniers épicuriens — aiguisent son appétit de ragoûts toujours stimulants ! — Qu’enfin le sommeil et la bonne chère prorogent son honneur — jusqu’à l’assoupissement du Léthé !… Eh bien, Varrius ?

Entre Varrius.
VARRIUS.

— Ce que je vais annoncer est très-certain : — Marc-Antoine est d’heure en heure attendu — dans Rome ;