Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1868, tome 7.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
ANTOINE ET CLÉOPÂTRE.

ANTOINE.

Soyez l’enfant de la circonstance.

CÉSAR.

— Bois donc, je te donnerai la réplique ; mais j’aurais mieux aimer jeûner, — pendant quatre jours, que de boire tant en un seul.

ÉNOBARBUS, à Antoine.

— Eh ! mon brave empereur ! — Si nous dansions maintenant la bacchanale égyptienne — pour célébrer notre boire ?

POMPÉE.

Volontiers, bon soldat.

Tous se lèvent de table.
ANTOINE.

— Allons ! tenons-nous tous par la main — jusqu’à ce que le vin triomphant ait plongé nos sens — dans un doux et délicieux Léthé !

ÉNOBARBUS.

Prenons-nous tous la main. — Qu’une musique retentissante batte nos oreilles. — Pendant ce temps-là, je vous placerai ; puis cet enfant chantera, — et chacun entonnera le refrain aussi haut — que ses vigoureux poumons pourront lancer leur volée.

La musique joue. Énobarbus place tous les convives, la main dans la main.
CHANSON.

 Viens, toi, monarque du vin,
 Bacchus joufflu, à l’œil rose :
Que nos soucis soient noyés dans tes cuves,
Et nos cheveux couronnés de tes grappes !
Verse-nous jusqu’à ce que le monde tourne,
Verse-nous jusqu’à ce que le monde tourne !

CÉSAR, se retirant.

— Que voudriez-vous de plus ?… Pompée, bonne nuit…