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SCÈNE III.
— comme cet Hercule romain a l’attitude — digne de son ancêtre !
ANTOINE.

Je vous laisse, madame.

CLÉOPÂTRE.

— Courtois seigneur, un mot !… — Vous et moi, il faut nous séparer, messire… Ce n’est pas ça… — Vous et moi, nous nous sommes aimés, messire… Ce n’est pas ça non plus ; — cela, vous le savez bien !… il y a quelque chose que je voulais… — Oh ! mon souvenir est un autre Antoine, — et j’ai tout oublié.

ANTOINE.

Si votre royauté — n’avait la frivolité pour sujette, je vous prendrais — pour la frivolité même.

CLÉOPÂTRE.

C’est un rude labeur — que de porter la frivolité aussi près du cœur — que Cléopâtre. Mais pardonnez-moi, seigneur : — mes habitudes les plus chères m’assomment, dès qu’elles — ne vous plaisent pas. Votre honneur vous appelle loin d’ici : — soyez donc sourd à ma folie incomprise, — et que tous les dieux aillent avec vous ! que sur votre épée — se pose le laurier Victoire ! et que le plus doux succès — jonche la route sous vos pas.

ANTOINE.

Partons !… Allons ! — nos adieux s’attardent et s’envolent de telle sorte — que, résidant ici, tu pars avec moi, — et que, m’éloignant d’ici, je reste avec toi !… — En route !…

Ils sortent.