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LES AILES D’OR

Garde au moins la fierté des vaincus, toi qui tombes
Du faîte de ton rêve aux poudres du chemin,
Et ne t’attarde plus qu’à la pierre des tombes
Où le souvenir tend des roses à ta main !

II

L’ivresse des printemps défunts, où donc est-elle ?
Le rire d’autrefois fuit en écho moqueur ;
Et, comme entre deux chairs une flèche mortelle,
La détresse de vivre est au fond de mon cœur.

La détresse d’aimer sachant que l’amour passe
Et n’a rien d’éternel que son rêve qui ment :
La détresse d’ouvrir des ailes à l’espace
Sans qu’un souffle d’espoir les emplisse un moment ;