Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/307

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très-bien informés que nous avons déjà cités nous apprennent que, lorsqu’un capitaliste entreprend au Pérou l’exploitation d’une nouvelle mine, il est généralement regardé comme un homme à peu près ruiné et presque en banqueroute ; ce qui fait que tout le monde le fuit et évite d’avoir des relations avec lui. L’entreprise d’une nouvelle mine est considérée, dans ce pays, comme l’est ici une loterie dans laquelle le montant des lots ne compense pas la perte des billets blancs, quoique l’importance de quelques-uns de ces lots pousse beaucoup de joueurs téméraires à y aventurer la totalité de leur fortune[1].

Cependant, comme le souverain tire une partie considérable de son revenu du produit des mines d’argent, les lois du Pérou encouragent par tous les moyens possibles la découverte et l’exploitation des mines nouvelles. Quiconque découvre une mine est autorisé à prendre une longueur de terrain de 246 pieds, dans la direction qu’il suppose à la veine, et moitié autant en largeur ; il devient propriétaire de cette portion de la mine, et il peut l’exploiter sans payer aucune redevance au propriétaire du terrain. L’intérêt des ducs de Cornouailles a donné lieu à un règlement à peu près de même genre dans cet ancien duché. Toute personne qui découvre une mine d’étain dans des terres incultes et sans clôture, peut en marquer les limites à une certaine étendue ; c’est ce qu’on appelle borner une mine, celui qui borne ainsi devient le vrai propriétaire de la mine, et il peut ou l’exploiter lui-même, ou la

  1. Au Mexique, antérieurement à la guerre de la révolution, les spéculateurs sur les mines étaient généralement des personnes riches et de distinction, capables de faire de larges avances de leurs propres fonds pour conduire leur industrie, et alors cette industrie était regardée comme aussi sûre, était aussi considérée que tout autre genre de commerce. Mais au Pérou, auquel s’appliquent les observations de Smith, les spéculateurs en mines appartenaient à une classe toute différente : c’étaient des gens nécessiteux dont le capital était emprunté à un intérêt exorbitant, et qui étaient par conséquent à la merci de leurs créanciers et des marchands d’argent. On ne pouvait attendre ni prudence, ni économie de personnes placées dans des circonstances aussi défavorables, et la grande majorité d’entre elles nous est représentée comme ayant été à la fois malhonnêtes, pauvres et prodigues. (Consulter des détails extraits du Mercurio Peruano, feuille périodique publiée à Lima, de 1791 a 1794, dans la Revue d’Édimbourg, t. IX, p. 444.)

    Les associations formées en Angleterre en 1824 et 1825, pour l’exploitation des mises d’Amérique, n’ont eu aucun succès, et ont été en grande partie abandonnées.Mac Culloch.