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Quitte la place à la vieillesse.
Le temps ne la ramène plus.


Les lois de la mort sont fatales
Aussi bien aux maisons royales
Qu’aux taudis couverts de roseaux.
Tous les jours sont sujets aux Parques ;
Ceux des bergers et des monarques
Sont coupés des mêmes ciseaux.


Leurs rigueurs, par qui tout s’efface,
Ravissent, en bien peu d’espace,
Ce qu’on a de mieux établi,
Et bientôt nous mèneront boire,
Au-delà de la rive noire,
Dans les eaux du fleuve d’oubli.


Racan, né en 1589, mort en 1670.


LE MAI

sonnet

 
Maintenant que l’Amour renaît heureusement
Et qu’à ce beau printemps il commande qu’on plante
D’un Mai long et dressé la désirable plante
Il faut suivre l’arrêt de son commandement.

J’ai un Mai long et gros et fort également,
Poussant devers le haut une verdeur plaisante
Qui frisonne sa cime en tout temps verdoyante
Et qui se peut planter assez facilement.

Ma dame, permettez que l’on m’ouvre la porte,
Et je le planterai sur la petite motte
Qui de votre maison remarque le milieu ;