Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

Revue républicaine, exhorta les peintres à prendre conscience de leur mission patriotique et sociale. Le Réformateur indiqua dans la musique le plus puissant moyen d’éducation populaire. Félix Pyat en disait à peu près autant du drame. Quand l’usage des romans-feuilletons eut triomphé dans les journaux, le National eut soin d’éviter les romans immoraux, et des orateurs royalistes l’en félicitèrent à la tribune. Raspail recommandait à la presse de passer à peu près complètement sous silence les crimes et les suicides, pour ne pas procurer à ces actes une popularité malsaine ; son journal, le Réformateur, donna l’exemple d’une pareille discipline[1].

Telles furent les principales idées exprimées avant 1848 par les républicains sur l’éducation nationale ; ils en sentirent toute l’importance, ils la voulurent patriotique, morale et démocratique. En 1848 un des leurs, Hippolyte Carnot, devenu ministre de l’instruction publique, essaya d’appliquer ce programme ; il présenta une loi sur l’enseignement primaire gratuit et obligatoire, fit faire des catéchismes moraux par Henri Martin et Charles Renouvier, voulut encourager l’enseignement supérieur par de nouveaux cours créés au Collège de France et fonder l’enseignement populaire par l’institution des lectures du soir. Les événements politiques, en chassant du pouvoir les hommes de février, ajournèrent pour longtemps l’exécution de leurs projets

Georges Weill.
  1. Jouvin, David d’Angers, t, II, p. 36 : Revue républicaine, t. III ; Réformateur, 19 et 21 janvier 1835 ; Félix Pyat, Les deux serruriers, prologue ; National, 16 octobre 1842, 15 juin 1843 ; Réformateur, 14 juin 1835 et passim.