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LE PARFAIT MARESCHAL.

CHAP.
ⅭⅣ.
Pilulles de sinabre pour les playes, pour la galle, les vers, le farcin, & pour ceux qui se pélent la teste.


PRenez assa fœtida, du plus net & beau, des bayes de laurier de Provence, ou d’Italie, & du sinabre, de chacun une livre, mettez les en poudre fine, l’un apres l’autre, & les mélez dans un mortier de fonte, avec bonne eau de vie tres subtile, pilant le tout & l’incorporant bien en sorte qu’on en puisse former des pilulles pesantes chacune quatorze gros, que vous laisserez sécher.

Il en faut donner deux aux Chevaux blessez, de deux en deux jours, ou tous les jours une, jusqu’à ce qu’ils en ayent avallé huit ou dix, selon la grandeur de la playe : Pour les faire prendre avec facilité, on donne chopine ou trois demy-septiers de vin : le Cheval doit estre bridé, ou au mastigadour si vous en avez un, deux heures avant chaque prise & autant apres.

Ces pilulles se conservent vingt-ans, & disposent le corps ou la chair d’iceluy à une prompte guerison, en purifiant le sang : Elles resistent à la corruption, & à la pourriture, contribuent à la guerison de la galle, & du farcin, & extirpent tous les vers qu’un Cheval peut avoir dans le corps : On doit faire cas de ce remede à l’armée, où il est de consequence de guerir promptement les playes des Chevaux, comme je diray cy-apres, & ces pilulles l’avanceront au delà de ce qu’on en peut croire.

Il y a souvent des Chevaux si fort échauffez dans le corps, que la teste & le col leur pélent, le poil tombe, & la place reste sans poil, enlevée en beaucoup d’endroits, ce qui marque une grande chaleur intérieure. Le seul remede qu’on pratique à ces maux est de leur tirer du sang ; mais la saignée feule ne suffit pas, il faut de plus donner trois prises de ces pilulles, trois jours de suitte, & frotter les endroits pélez deux fois lejours avec de bonne eau de chaux ; si cela ne guerit pas le Cheval, il faut reïterer le tout, & ensuitte luy faire manger de la fleur de souffre dans du son mouillé, peu au commencement, ensuite augmenter peu à peu ; finallement luy en donner jusqu’à une demy poignée tous les jours : le Cheval peut travailler quoy qu’il mange de la fleur de souffre.

Pour ces roignes vives & facheuses galles, si opiniâtres & si difficiles à déraciner des crins, & de la queuë, apres avoir saigné & purgé un Cheval, donnez-luy trois ou quatres prises, chaque