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LE PARFAIT MARESCHAL.

Chap.
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quand le Cheval a sué, le bien effuyer, & empêcher qu’il ne se refroidisse tout à coup, ce premier bouillonnement du sang estant appaisé, on n’a plus cette grande precaution à garder.


CHAP.
ⅭⅩⅩⅥ.
Du Cheval qui ne se peut remettre, pour avoir trop fatigué.


LEs grandes fatigues des Chevaux, principalement de l’Armée, les mettent dans un estat de langueur, dont ils ont bien de la peine à revenir : il ne faut pas s’en estonner, car tantost ils ont de bon fourage ; tantost ils sont obligez de manger du seigle, du millet, de mauvaises herbes, du foing corrompu ; & tantost en abondance, & souvent tres-peu ou point du tout ; outre que les eaux sont ou mauvaises, ou prises à contre-temps, sans parler des courses & du travail déreglé ; à moins qu’un Cheval ne soit robuste & bien composé, il est difficile qu’il ne s’en trouve abbatu.

Il est mal-aisé dans ces rencontres de s’attacher à une maladie particuliere ; mais l’on ne peut manquer en les traittant, si on se sert des remedes qui fortifient les parties interieures, qui délassent les exterieures, qui ostent les mauvaises humeurs qui s’amassent chaque jour, soit par les faignées, soit par quelques purgations universelles ; & si l’on découvre quelque affection particuliere, il faut pour lors avoir recours aux remedes specifiques & propres à cette maladie.

L’on connoist ces Chevaux qui ont esté mal-traitez à l’Armée, en ce qu’ils ont presque tous la corde : c’est à dire qu’au deffaut des costes le long du ventre, quand le Cheval respire, il se forme un canal capable d’y loger une corde : ils ont le poil herissé & mal teint, la fiante séche & noire, & par fois on y trouve des vers, les yeux tristes; & quoy qu’ils mangent beaucoup, ils n’amendent point ; ils sont étroits de boyaux ; quand on les promene en main, vous les voyez mal contens : enfin ils sont privez de toute la gayété que le repos donne aux Chevaux.

Si le Cheval qui revient de l’armée ou de quelque long voyage, ou qui a beaucoup fatigué a ces signes, avant de luy faire prendre aucun remede, il le faut faigner, du col, & ensuite luy faire user de quelques poudres digestives, qui aydent la coction des alimens, & qui preparent les humeurs superfluës, pour estre évacuées avec plus de facilité.
Le