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PREMIERE PARTIE.

Chap.
ⅹⅹⅲ
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rable, & on ne peut estre asseuré si elle l’est qu’on n’aye pratiqué de bons remedes, lesquels s’ils ne reussissent pas, on peut conclure que la morve est incurable ; & on n’a pas le chagrin d’avoir abandonné des Chevaux de prix qui auroient pû se sauver, & cela souvent sur le rapport de gens qui les ont condamné faute de les connoistre.


CHAP.
ⅩⅩⅣ.
Des maux de Teste causez d’humeurs bilieuses.


EN France on appelle maux de teste aux chevaux toutes les maladies mortelles qui sont inconnues aux Mareschaux, il y a des maux de teste qui sont comme la jaunisse aux Hommes ; mais funestes & tres pernicieux ; Et pour en donner une particuliere connoissance, il faut savoir que ces forces de maux de teste proviennent d’un épanchement de bile qui regorge abondamment de tous côtez, & qui afflige toutes les parties principales du corps : celle qui flotte dans l’estomach, ôte d’abord l’apetit, & détraque la digestion : celle qui est dans les veines & arteres cause la fiévre, qui emporte bien-tost le Cheval: celle qui se transporte à la teste en trouble toutes les fonctions ; ce qui fait que le Cheval a peine à marcher, & qu’il est morne, & tout entrepris de ses membres.

Si l’on tire du sang au Cheval dans cette maladie, d’abord qu’il est figé il devient jaune en sa superficie, & l’eau qui le surnage est toute rousse & jaunâtre, marque asseurée que la bile s’y est glissée en trop grande abondance.

Les lèvres du Cheval sont pareillement jaunes au dedans, mesme les yeux participent de cette couleur.

C’est ce qui a fait nommer cette maladie aux Allemans gelbesucth, qui veut dire la maladie jaune. Comme ils l’ont mieux connuë que nous, ils ont inventé un remede qui a esté vendu cherement par un Médecin de Chevaux Allemand à un François, qui me l’a communiqué : l’ayant éprouvé je l’ay trouvé bon, car dans le temps que je l’ay éprouvé, on ne connoissoit point d’autres maux de teste que ceux là. Depuis le mal a changé de nature comme il a d’autres causes, il a fallu chercher d’autres remedes souvent assez inutilement. Le Cheval attaqué de ce mal, mange mollement, tient la teste basse, l’oreille abbatue, l’œil triste, les nazeaux ouverts, & chancelle en marchant: s’il n’a pas ces signes, le remede cy apres ne luy sevira à rien; car tous les maux de teste ne proviennent pas d’une mesme cause, & on se