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notice sur l’éthique

s’était même décidé à faire paraître l’Éthique, comme le montre une phrase d’une lettre[1] à lui écrite par Oldenburg, le 22 juillet 1675 : « Ayant compris par votre réponse en date du 5 juillet que vous aviez résolu de donner au public votre traité en cinq parties… » À cette lettre Spinoza répond quelque temps après[2] :

« Votre lettre m’est parvenue au moment où je partais pour Amsterdam[3] afin de faire imprimer le livre dont je vous avais parlé. Tandis que je m’en occupe, le bruit s’est répandu partout qu’un livre de moi sur Dieu est sous presse, et que je m’efforce d’y montrer qu’il n’y a point de Dieu, et ce bruit a trouvé accueil auprès d’un très grand nombre de personnes. Quelques théologiens (les mêmes peut-être qui en sont les premiers auteurs) ont saisi cette occasion de déposer une plainte contre moi auprès du prince[4] et des magistrats ; d’imbéciles cartésiens, en outre, qui passaient pour m’être favorables, ne cessent, afin de se laver du soupçon, de dire en tout lieu tout le mal possible de mes opinions et de mes écrits[5]. L’ayant

    (pp. 147, 150, 151) ; voir aussi, dans le même ouvrage (p. 200), un fragment de la lettre adressée par Th. Rizekins, professeur à l’Université de Leyde, à un magistrat de Dordrecht pour empêcher la publication de l’Éthique.

  1. Lettre 62.
  2. Lettre 68.
  3. 3. Spinoza résidait alors à La Haye, dans la maison de van der Spyck où il est mort.
  4. Le prince d’Orange ; il est utile d’observer que le gouvernement républicain avait été renversé, Jean de Witt massacré, et le stathoudérat rétabli en 1672.
  5. Cf. Lucas, la Vie de M. Benoît de Spinoza, dans Freudenthal, Die Lebensgeschichte Spinoza’s, p. 13.