Page:Stendhal - Chroniques italiennes, Lévy, 1855.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Descendez-moi, je vais dire ce que je sais.

Quand on l’eut remis à terre, les gardes s’éloignèrent et nous restâmes seuls avec lui.

— Il est vrai que plusieurs fois j’ai accompagné Marcel jusqu’à la chambre de la duchesse, dit le capitaine, mais je ne sais rien de plus, parce que je l’attendais dans une cour voisine jusque vers les une heure du matin.

Aussitôt on rappela les gardes, qui, sur l’ordre du duc, l’enlevèrent de nouveau, de façon que ses pieds ne touchaient pas la terre. Bientôt le capitaine s’écria :

— Descendez-moi, je veux dire la vérité. Il est vrai, continua-t-il, que, depuis plusieurs mois, je me suis aperçu que Marcel fait l’amour avec la duchesse, et je voulais en donner avis à Votre Excellence ou à D. Léonard. La duchesse envoyait tous les matins savoir des nouvelles de Marcel ; elle lui faisait tenir de petits cadeaux, et, entre autres choses, des confitures préparées avec beaucoup de soin et fort chères ; j’ai vu à Marcel de petites chaînes d’or d’un travail merveilleux qu’il tenait évidemment de la duchesse.

Après cette déposition, le capitaine fut renvoyé en prison. On amena le portier de la duchesse, qui dit ne rien savoir ; on le lia à la corde, et il fut élevé en l’air. Après une demi-heure, il dit :

— Descendez-moi, je dirai ce que je sais.

Une fois à terre, il prétendit ne rien savoir ; on l’éleva de nouveau. Après une demi-heure on le descendit ; il expliqua qu’il y avait peu de temps qu’il était attaché au service particulier de la duchesse. Comme il était possible que