Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/318

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rangement de votre parure, quoique de mode, vous alloit mal et vous défiguroit… mais rien ne peut vous défigurer davantage, que de vouloir vous faire admirer et paroître jolie… Non, vous n’êtes pas jolie, Eliza, et votre visage n’est pas fait de manière à plaire à la dixième partie de ceux qui le regardent… mais vous avez quelque chose de plus que la beauté ; et je ne crains pas de vous dire que je n’ai jamais vu une figure si intelligente, si bonne, si sensible ; et il n’y eut et n’y aura jamais dans votre compagnie, pendant trois heures, un homme tendre et sentimental, qui ne soit ou ne devienne votre admirateur ou votre ami ; bien entendu que vous ne preniez aucun caractère étranger au vôtre, et que vous paroissiez la créature simple et sans art, que la nature veut que vous soyez. Vous avez dans vos yeux et dans votre voix quelque chose de plus touchant, de plus persuasif qu’aucune autre femme que j’aie vue, ou dont j’aie entendu parler… mais ce degré de perfection inexprimable et ravissant, ne peut toucher que les hommes de la plus délicate sensibilité.

Si votre mari étoit en Angleterre, et si l’argent pouvoit m’acheter cette grâce, je lui donnerois de bon cœur cinq cents livres,