Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/107

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dent précieux ! Pardon « de l’outrageuse bêtise de ma comparaison, » comme dirait lord Falmouth, mais si jamais l’image si surannée de chaînes de fleurs a été justement appliquée, c’est bien à propos des relations du monde, aussi fleuries, aussi gaies qu’elles sont peu durables et peu incommodes. Mais c’est surtout l’amour, ainsi que l’entend le monde, qui me ravit, madame ! Ne trouvez-vous pas que cet amour est l’histoire du phénix, qui sans cesse renait de lui-mème, toujours plus doré, plus empourpré, plus azuré ? Tout, dans cet amour, n’est-il pas charmant ? tout ! jusqu’à ses cendres, pauvres débris de lettres amoureuses qui sont encore un parfum ? Ne trouvez-vous pas enfin délicieux que, dans ce monde adorable, l’amour suive chez chacun la loi d’une divine métempsycose ? Car, s’il meurt aujourd’hui d’une vieillesse d’un mois, demain ne revit-il pas plus jeune, plus luxuriant que jamais, sous une autre forme, ou plutôt… pour une autre forme ?

Madame de Pënâfiel ne pouvait encore comprendre pourquoi j’affectais une pareille légèreté, alors qu’elle venait de me confier si tristement ses douleurs. Je suivais sur son visage les diverses et pénibles impressions que lui