Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/117

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Je pensais qu’un autre refusait, méprisait, outrageait peut-être un sentiment qu’à cette heure j’aurais payé du sacrifice de ma vie.

Puis, le calme de la raison succédant aux émotions tumultueuses de l’âme, je réfléchis bientôt plus froidement à la réalité de ma position envers madame de Pénàfiel ; jamais je ne lui avais dit un mot de l’affection que je ressentais pour elle, pourquoi donc m’étonner de la confidence et du secret que je croyais avoir surpris ?

Pourquoi traiter si méchamment une femme qui, souffrant peut-être d’une peine et d’un amour incurables, ignorant d’ailleurs mes sentiments pour elle, et comptant sur la générosité de mon caractère, venait me demander, sinon des consolations, du moins de l’intérêt et de la pitié ?

Mais ces réflexions nobles et sages ne rendaient pas mon chagrin moins amer, ma jalousie moins inquiète. Quel était cet homme dont j’avais voulu briser l’image ? Depuis longtemps je venais assidûment chez madame de Pënâfiel, et pourtant personne ne m’avait paru devoir être l’objet de cette passion méconnue que je lui supposais.

Sa douleur, ses regrets dataient donc de