Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/118

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plus loin ? je m’expliquais alors mille singularités jusque-là incompréhensibles pour moi, et si diversement interprétées par le monde, ses brusques silences, son ennui, son dédain de tous et de tout, et parfois pourtant ses joies vives et soudaines qui semblaient éclater à un souvenir, puis s’éteindre tout à coup dans le regret ou le désespoir. Sa coquetterie de manières si gracieuse et si continuelle avait alors un but ; mais quand ce mystérieux personnage pouvait-il jouir de la vue de tant de charmes ? En vain je cherchais le mot de cette énigme, en me rappelant les réticences de sa dernière conversation, et son embarras dès qu’elle avait été sur le point sans doute de me dire le secret qui l’oppressait.

Mais quel était, et quel pouvait être l’objet de cette passion si fervente et si malheureuse ? de cet amour qui depuis quelques semaines surtout paraissait lui causer une peine plus profonde encore ?

Me sentant aimer madame de Pënâfiel ainsi que je l’aimais, devais-je essayer de lui offrir de tendres consolations ? Pouvais-je espérer d’affaiblir un jour dans son cœur le souvenir déchirant de cette affection : réussirais-je ! l’oserais-je ! — Torturée par des regrets déses-