Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/119

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pérés, cette âme aussi noble que délicate devait être d’une susceptibilité de douleur si ombrageuse, si farouche, que, de crainte de la blesser à jamais, je ne pouvais sans les ménagements les plus extrêmes lui parler d’un meilleur avenir.

Et pourtant, en venant me demander de m’apitoyer sur ses souffrances, n’avait-elle pas compris, avec un tact exquis et rare, qu’en vous frappant, certains malheurs épouvantables vous révèlent pour ainsi dire d’une dignité si triste et si majestueuse, qu’elle impose aux plus dévoués, aux plus aimants, un respectueux silence… et que les victimes de cette royauté de la douleur sont, comme les autres princes, obligées de parler les premières et de dire : Venez à moi, car mon infortune est grande ?

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Mais quelle espérance pouvais-je concevoir, alors même que madame de Pënâfiel aurait cédé à un secret penchant en s’adressant à moi avec tant de confiance ? Mon langage avait été si brutal, si étrange, qu’il m’était impossible d’en prévoir les suites.

Cependant, quelquefois l’excès même de mon insolence me rassurait. Évidemment mes réponses avaient été trop insultantes, trop folles ;