Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/122

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tion, je me disais : — La dureté, le dédain avec lesquels j’ai accueilli les confidences de madame de Pënâfiel, ma colère à la vue du portrait qu’elle me cachait, s’expliqueront par la vivacité de mon amour qu’elle a sans doute deviné ; or, après tout, les emportements causés par un tel motif sont toujours excusables, et surtout aux yeux de la femme qui en est l’objet, et puis, comme elle est noble et généreuse, elle comprendra ce que j’ai dû souffrir lorsque j’ai cru qu’elle allait m’entretenir de ses chagrins de cœur.

Souvent aussi, par une contradiction bizarre, pensant que je pouvais m’abuser complètement en croyant madame de Pënâfiel sous l’influence d’un amour dédaigné, mes premiers soupçons me revenaient à l’esprit ; je me demandais alors ce qui avait pu les détruire. Ce portrait même ne pouvait-il pas être un des accessoires de cette comédie que je l’accusais de jouer ?

Puis, je le répète, n’ayant qu’une méchante et triste opinion de mon mérite, encore aggravée par la conscience de mes dernières duretés, je ne pouvais croire avoir inspiré â madame de Pënâfiel ce sentiment d’attraction qui semblait l’entraîner vers moi, et je cherchais