Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/124

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ment : ce fut de la retrouver presque dans la même attitude où je l’avais laissée.

Son visage était d’une pâleur mate et unie, effrayante à voir ; on eut dit un masque de marbre.

Cette blancheur maladive si vite répandue sus ses traits, cette expression de douleur, à la fois vive et résignée, m’émurent alors si profondément, que tous mes calculs, tous mes raisonnements, tous mes soupçons misérables s’évanouirent ; il me sembla l’aimer pour la première fois du plus confiant et du plus sincère amour. Je ne pensai pas même à lui demander grâce pour tout ce qu’il y avait eu d’odieux dans ma conduite.

À cette heure, je ne croyais pas à ce funeste passé ; par je ne sais quel prestige, oubliant la triste scène du matin, il me sembla que je la devais consoler d’un affreux chagrin auquel j’étais étranger ; j’allais enfin me mettre à ses genoux, lorsqu’elle me dit d’une voix qui me fit mal, tant elle me parut douloureusement altérée, malgré l’accent de fermeté qu’elle tâcha de lui donner : — J’ai voulu vous voir une dernière fois… j’ai voulu, si vous pouvez vous les expliquer à vous-même, vous demander le sens des étranges paroles que vous m’avez dites ce