Page:Sue - Arthur, T2, 1845.djvu/99

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familiarité que trois mois d’assiduité pouvaient faire excuser :

« Je vous crois mon ami ?…

— Le plus dévoué et le plus heureux de pouvoir vous en assurer, madame… — répondis-je avec un ton de persiflage auquel madame de Pënâfiel ne prit pas garde.

— Je n’entends pas par ce mot… un ami banal et indifférent, ainsi que l’entend le monde, — me dit-elle ; — non, vous valez, je crois, mieux que cela : d’abord, vous ne m’avez jamais dit une seule parole de galanterie, et je vous en ai su gré, oh ! beaucoup de gré ; vous m’avez ainsi épargné cette espèce de cour insultante que, je ne sais pourquoi, quelques-uns se croient le droit, ou peut-être même… l’obligation de me faire, — ajouta-t-elle avec un sourire amer ; — vous avez eu assez de tact, d’esprit et de cœur pour comprendre qu’une femme, déjà victime d’odieuses calomnies, ne trouve rien de plus offensant que ces hommages méprisants et méprisables qui lui sont toujours un nouvel affront, parce qu’ils semblent s’autoriser des bruits les plus injurieux, comme d’un précédent tout naturel… Je crois votre esprit tristement avancé et d’une expérience précoce. Je sais que vous voyez beau-