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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

taire qui avait vu du service durant de longues années. Il ne conseille qu’un moyen de rendre la milice effective : c’est de lui imposer des chefs et de faire respecter ceux-ci ; en d’autres termes un milicien doit « se taire sans murmurer » comme dans les pièces de théâtre. Sous le gouverneur Craig, ces principes pouvaient être en faveur, mais avec le général Prevost, homme de popularité et d’un abord facile, M. Vassal eut le bon esprit de les oublier.

La famille Vassal est originaire de Bordeaux. Elle remonte au dixième siècle et dès lors comptait dans ces rangs des militaires, des barons, des comtes, des marquis et des seigneurs ; l’un de ses membres suivit Guillaume le Conquérant en Angleterre et y laissa une descendance qui a eu sa place à la cour, dans le haut commerce, l’armée, etc. Au commencement du dix-septième siècle, l’un des Vassal de Londres, s’établit au Massachusetts où sa famille, nombreuse et très bien notée, existe encore aujourd’hui. La souche principale, en France s’était tellement développée que, en 1735, le maréchal de Mouchy disait : « il y a dans l’armée française servant en Italie quatre-vingts gentilshommes tous parents, du nom de Vassal, depuis le grade de cadet jusqu’à celui de lieutenant-général. » François-Germain-Bonaventure de Vassal sieur de la Tourette, né à Villeneuve d’Agen, généralité de Bordeaux, le 4 février 1723, reçut la charge de lieutenant de milice à onze ans, commença à servir en 1739 fut enseigne au régiment de Bassigny (1744) et, en 1746, devint capitaine au régiment de Béarn ; il avait pris à cette époque le nom de Montviel qui est celui d’un fief appartenant à sa famille depuis 1577. Il suivit son régiment au Canada (1756) et se maria, à Boucherville (30 novembre 1758) avec Charlotte, fille de François-Clément Boucher de Laperrière. Son brevet de chevalier de Saint-Louis est du 17 février 1759. Blessé mortellement à la bataille de Sainte-Foye (28 avril 1760) il expira le 15 mai, laissant un fils, François-Xavier, né le 4 novembre 1759, filleul du fameux Bougainville, et qui, après avoir étudié au collège Saint-Raphaël de Montréal, entra dans la carrière militaire. Il se joignit aux volontaires de 1775, puis l’année suivante fut nommé enseigne dans l’une des trois compagnies formées par le général Carleton. Lorsque l’on réduisit ces compagnies en 1783 il fut mis à demi-solde. En 1795 il reçut une commission de lieutenant dans les Royaux Canadiens et en 1796 passa capitaine et servit avec ce grade jusqu’à 1802 date du licenciement des Royaux. Sa commission de député adjudant-général des milices du Bas-Canada est du 26 décembre 1807, avec rang de lieutenant-colonel ; celle d’adjudant général (à la retraite de M. Baby) est du 20 mars 1812. Il abandonna cette charge vers 1841 et mourut à Québec le 25 octobre 1843. C’était un aimable causeur, un homme de salon, sachant tourner un couplet comme un académicien et vivant très entouré par ceux qui aimaient la compagnie et la bonne humeur.

Un officier capable de se charger des approvisionnements devenait nécessaire. Sir George Prevost confia cette fonction à M. d’Eschambault, un homme d’expérience et bien vu des miliciens.

Jacques-Alexis de Fleury d’Eschambault, natif de Montaigu en Poitou, marié à Québec (1671) avec Marguerite de Chavigny, reçut d’elle une partie de la seigneurie à laquelle s’est attaché le nom de Deschambault. En 1696 il était procureur du roi à Montréal et commandait les milices de cette ville dans la guerre contre les Iroquois ; il fut aussi conseiller du