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ET DES ROIS.

Las Mœris. Un monument plus utile était le lac Mœuris, creusé en partie par la main des hommes, et qui, si les anciens récits étaient parvenus jusqu'à nous sans erreur, aurait eu cent quatre-vingts lieues de tour et trois cents pieds de profondeur. Au reste le but de cet ouvrage, incontestablement grand et admirable, était de corriger, autant qu'on le pouvait, les irrégularités du Nil qui seul rendait l'Égypte féconde ou stérile, par l'abondance ou la rareté de ses eaux. Le lac en déchargeait la terre lorsqu'elle était trop inondée, ou s'ouvrait pour les verser quand le fleuve en refusait.

Deux pyramides, portant chacune une statue colossale, s'élevaient au milieu du lac ; elles étaient creuses, hautes de trois cents pieds, et servaient ainsi d'ornement et de supplément à cet immense réservoir.

Le temps a fait un acte de justice ; il a laissé tomber dans l'oubli les noms des princes qui n'ont travaillé qu'à leur tombeau, et il nous a conservé celui du roi Mœris, dont les étonnans travaux n'avaient pour but que la prospérité de son empire et le bonheur de ses peuples.

Nil. La plus grande merveille de l'Égypte n'est pas l'ouvrage des hommes ; la nature seule la crée : c'est le Nil. Il ne pleut presque jamais dans ce pays ; mais son fleuve lui apporte annuellement, par des débordements réglés, le tribut des pluies qui tombent dans les contrées voisines. L'Égypte était coupée de canaux qui distribuaient par-tout ses eaux bienfaisantes. Ainsi ce fleuve, répandant la fécondité, unissant les villes entre elles, et la mer