Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/376

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prêche avec un succès au-dessus de son âge et de sa qualité, par un zèle louable et qui prouve sa vocation, a obtenu de ses supérieurs la permission de s’en aller en Canada. Adieu, belle et divine Pauline : je n’en sais pas davantage. Je suis ravi de la meilleure santé de Madame votre mère ; mais nous n’osons nous flatter de la voir ici plus tôt qu’à la fin de l’automne, et c’est nous mettre le carême bien haut.


1696

1448. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU PRÉSIDENT DE MOULCEAU.

À Grignan, le 29e février.

Vous n’êtes pas encore quitte de nous, Monsieur. Il est plus aisé de n’avoir aucun commerce avec nous, que de cesser celui que j’ai remis sur pied, quelque petit qu’il puisse être. Je trouve que l’honnêteté m’oblige à vous dire que nous sommes bien fâchées que dans le temps que nous sommes si malades (car je parle toujours au pluriel), vous ayez pris la liberté d’être malade aussi. Nous trouvons aussi que nous devons pour le moins à la rhubarbe, à qui nous croyons avoir tant d’obligations, la justice de ne la pas laisser condamner sans l’entendre : c’est ce que je fais dans le mémoire que j’envoie à M. Barbeyrac. Par modestie, je n’y mets pas votre

    vaise » Le P. de la Ferté ne s’était pas toujours bien accordé avec les Jésuites ; il ne fut pas, je crois, sans repentir de s’être laissé enrôler par eux. Sans ses vœux, il auroit été duc et pair à la mort de son frère, qui ne laissa point d’enfants. À la fin les jésuites et lui, lassés de lui et lui d’eux, le malmenèrent, puis le confinèrent à la Flèche, où il vécut peu et tristement, et y mourut encore assez peu âgé (à soixante-treize ans, d’après les dates données plus haut). » — Le P. de la Ferté avait en effet demandé la permission d’aller au Canada mais sur les instances de sa famille il demeura en France.