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L’ANCIEN RÉGIME


Il y en a surtout dont tout l’office est d’être là et de remplir un coin qui ne doit pas rester vide. Certainement, pour le port et l’aisance, ils sont les premiers de tous ; si proches du maître, ils y sont obligés ; dans un tel voisinage, leur tenue ne doit pas faire disparate. — Telle est la maison du roi, et je n’ai décrit qu’une de ses résidences ; il y en a une douzaine, outre Versailles, grandes ou petites, Marly, les deux Trianon, la Muette, Meudon, Choisy, Saint-Hubert, Saint-Germain, Fontainebleau, Compiègne, Saint-Cloud, Rambouillet[1], sans compter le Louvre, les Tuileries et Chambord, avec leurs parcs et territoires de chasse, avec leurs gouverneurs, inspecteurs, contrôleurs, concierges, fontainiers, jardiniers, balayeurs, frotteurs, taupiers, gruyers, gardes à cheval et à pied, plus de 1000 personnes. Naturellement il entretient, plante et bâtit ; à cela il dépense 3 ou 4 millions par année[2]. Naturellement aussi il répare et renouvelle ses ameublements ; en 1778, qui est une année moyenne, cela lui coûte 1 936 853 livres. Naturellement aussi il y mène ses hôtes et les y défraye, eux et leurs gens : à Choisy, en 1780, outre les distributions,

    porte-chaises du roi, qui tous les matins, en habit de velours, l’épée au côté, venaient vérifier et vider, s’il y avait lieu, l’objet de leurs fonctions ; cette charge valait à chacun d’eux 20 000 livres par an.

  1. En 1787, Louis XVI démolit ou ordonne de vendre Madrid, la Muette, Choisy ; mais ses acquisitions, Saint-Cloud, l’Isle-Adam, Rambouillet, ont de beaucoup surpassé ses réformes.
  2. Necker, Compte rendu, II, 452. — Archives nationales, O1, 738, p. 62 et 64 ; O1, 2805 ; O1. 736. — La maison du roi justifiée (1789). Bâtiments en 1775, 3 924 400 l. ; en 1780, 4 000 000 l. ; en 1788. 3 077 000 livres. — Garde-meuble en 1788, 1 700 000 livres.