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LA RÉVOLUTION


en vertu des traités, les princes allemands possessionnés en Alsace revendiquaient les droits féodaux supprimés sur leurs terres françaises, et la diète leur défendait d’accepter l’indemnité offerte. Mais, avec la diète, rien n’était plus usité ni plus facile que de traîner des négociations dilatoires, et il n’y avait aucun péril ni inconvénient en la demeure, puisque, pendant l’attente, les réclamants demeuraient les mains vides. — Si maintenant, derrière les prétextes ostensibles, on cherche les volontés véritables, il est certain que, jusqu’à la fin de janvier 1792, les intentions de l’Autriche étaient pacifiques. Ce qu’elle avait accordé au comte d’Artois par la déclaration, de Pilnitz était de l’eau bénite de cour, l’apparence d’une promesse illusoire, un secours subordonné au concert de toute l’Europe, c’est-à-dire annulé d’avance par l’ajournement indéfini, et, tout de suite, la prétendue ligue des souverains avait été « rangée par les politiques dans la classe des comédies augustes[1] ».

    semblée le 6 janvier ; publication des ordres de l’électeur dans l’électorat le 3 janvier. L’envoyé de France annonce leur exécution complète, et toutes ces nouvelles ou pièces sont communiquées à l’Assemblée le 8, le 16 et le 19 janvier. — Correspondance de Mirabeau et de M. de la Marck, III, 287. Lettre de M. de Mercy d’Argenteau, 9 janvier 1792 : « L’empereur a promis secours à l’électeur, sous la condition expresse qu’il commencerait par se prêter aux demandes de la France, sans quoi nul secours ne lui serait accordé en cas d’attaque. »

  1. Mémoires de Mallet du Pan, I, 254 (février 1792). — Correspondance de Mirabeau et de M. de la Marck, III, 232. (Note de M. de Bacourt.) Le jour même et à l’instant où la convention de Pilnitz venait d’être signée, à 11 heures du soir, l’empereur Léopold écrit à son premier ministre, M. de Kaunitz, « que la convention qu’il vient de signer ne l’engage absolument à rien ;