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LA RÉVOLUTION


« seule calamité qu’il y ait à redouter, c’est de n’avoir pas la guerre[1]. » — « Dites au roi, dit Gensonné, que la guerre est nécessaire, que l’opinion publique la provoque, que le salut de l’empire lui en fait une loi[2]. » — « L’état où nous sommes, conclut Vergniaud, est un véritable état de destruction qui peut nous conduire à l’opprobre et à la mort. Aux armes donc, aux armes ! Citoyens, hommes libres, défendez votre liberté, assurez l’espoir de celle du genre humain… Ne perdez pas l’avantage de votre situation ; attaquez lorsque tout vous fait présager un heureux succès… Il me semble que les mânes des générations passées viennent se presser dans ce temple pour vous conjurer, au nom des maux que l’esclavage leur a fait éprouver, d’en préserver les générations futures dont les destinées sont entre vos mains. Exaucez cette prière ; soyez à l’avenir une nouvelle Providence ; associez-vous à la justice éternelle[3]. » — Parmi ces Marseillaises oratoires, il n’y a plus de place pour la discussion sérieuse. Aux réclamations de l’Empereur pour les princes possessionnés d’Alsace, Brissot répond

  1. Moniteur, XI, 147, 149, séance du 17 janvier ; X, 759, séance du 28 décembre. — Déjà le 16 décembre il disait aux Jacobins : « Un peuple qui a conquis la liberté après dix siècles d’esclavage a besoin de la guerre. Il lui faut la guerre pour la consolider. » (Buchez et Roux, XII, 410.) — Le 17 janvier, à la tribune de l’Assemblée, il répète encore : « Je n’ai qu’une crainte, c’est que nous n’ayons pas la guerre. »
  2. Ib., XI, 119, séance du 13 janvier. Discours de Gensonné au nom du comité diplomatique dont il est le rapporteur.
  3. Ib., XI, 158, séance du 18 janvier. L’Assemblée vote l’impression de ce discours.