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LA RÉVOLUTION


les plus convaincus, l’obstination dogmatique et l’ambition impatiente restent volontairement sourdes ; sa sincérité passe pour un nouveau mensonge ; du haut de la tribune, Vergniaud, Brissot, Torné, Condorcet l’accusent de trahison, revendiquent pour l’Assemblée le droit de le suspendre[1], et donnent le signal à leurs auxiliaires jacobins. — Sur l’invitation de la Société-mère, les succursales de province se mettent en branle, et la machine révolutionnaire opère à la fois par tous ses engins d’agitation, rassemblements sur les places publiques, placards homicides sur les murs, motions incendiaires dans les clubs, hurlements dans les tribunes, adresses injurieuses et députations séditieuses à la barre de l’Assemblée[2]. Après trente-six jours de ce régime, les Girondins croient le roi dompté, et, le 26 juillet, Guadet, puis Brissot, à la tribune, lui font les suprêmes sommations et les dernières avances[3]. Déception profonde ! comme au 20 juin, il refuse : « Jamais de ministres girondins. »

Puisqu’il barre une des deux portes, on passera par

  1. Moniteur, XIII, 33, 56 bis, 85, 97, séances des 3, 5, 6 et 9 juillet.
  2. Moniteur, XIII, 126, 170, 273, séances des 12, 17, 28 juillet. — Mortimer-Ternaux, II, 122, séance du 23 juillet. Adresses du conseil municipal de Marseille, des fédérés, des pétitionnaires d’Angers, des volontaires de la Charente, etc. : « Une monarchie héréditaire est contraire aux droits de l’homme. Prononcez la déchéance, et la France est sauvée… Osez frapper du glaive de la loi un fonctionnaire parjure et conspirateur… La Fayette est le plus méprisable, le plus criminel,… le plus infâme des assassins du peuple, » etc.
  3. Mortimer-Ternaux ; II, 126. — Bertrand de Moleville, III, 294.