« Le comité veut bien en ce moment n’exiger qu’une portion de ton superflu » ; le demeurant sera saisi plus tard. Déjà, à la tribune des Jacobins, le banqueroutier Desfieux[1] estime à 640 millions la fortune des 100 plus riches notaires et financiers de Paris ; la liste de leurs noms a été envoyée par la municipalité aux sections, afin d’être complétée ; à ne leur prendre qu’un dixième, cela ferait 64 millions, et ces grosses « éponges », vigoureusement pressées, pourront dégorger bien davantage. « Il ne faut pas, dit Robespierre, que le plus riche des Français ait plus de 3000 livres de rente[2] » Avec les contributions des « messieurs », on armera les sans-culottes, « on payera les artisans pour assister aux assemblées de section, on nourrira les ouvriers sans ouvrages[3] ». Déjà, par la vertu souveraine des réquisitions sommaires, tout est en proie : on saisit à l’écurie les chevaux de luxe, et l’on va prendre sous remise, chez de vieilles dames, la plu-
- ↑ Buchez et Roux, XXVI, 463, séance des Jacobins, 11 mai.
- ↑ Meillan, 17.
- ↑ Buchez et Roux, XXVI, 463, séance des Jacobins, 11 mai. Discours d’Hassenfratz. — Ib., 455, séance des Jacobins, 10 mai. Discours de Robespierre : « Tous les riches font des vœux pour la contre-révolution ; il n’y a que les hommes gueux, il n’y a que le peuple qui puisse sauver la patrie. » — Ib., 453, N… : « Il faut former dans chaque département des bataillons révolutionnaires entretenus aux dépens des riches, qui n’ont pas de courage. » — Ib., XXVII, 317. Pétition du faubourg Saint-Antoine, 11 mai. — Schmidt, I, 315. Rapport de Dutard, 23 mai : « Les faubourgs ne se recrutent pas, parce qu’ils savent qu’ils sont plus nécessaires ici que dans la Vendée. Ils laissent les autres plus riches aller à la guerre. Ils veillent ici, et ne comptent sur personne comme sur eux pour garder Paris. »
