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BOIS-ROBERT[1].


Bois-Robert se nomme Metel. Il est fils d’un procureur[2] de Rouen qui étoit Huguenot. Il l’a été lui-même aussi. Il se mit au barreau à Rouen. Un jour étant prêt à plaider, une maquerelle le vint avertir qu’une fille l’accusoit de lui avoir fait deux enfants. Il ne laissa pas de plaider, et après il va pour se défendre. Mais ayant eu avis que le juge d’une petite justice par-devant lequel il avoit été assigné, le vouloit faire arrêter, il se sauve, vient à Paris, et s’attache au cardinal Du Perron[3], puis au cardinal de Richelieu qui ne le goûtoit point, et plusieurs fois il gronda ses gens de ne le pas défaire de cet homme. « Hé ! monsieur, lui dit Bois-Robert, qui a toujours été lâche, vous laissez bien manger aux chiens les miettes qui tombent de votre table. Ne vaux-je pas bien un chien ? »

  1. François Metel de Bois-Robert, né à Caen vers 1592, mort le 30 mars 1662.
  2. Dans une épître il fait son père avocat. (T.)
  3. Il fut aussi à la Reine-mère, et comme elle étoit à Blois, il eut ordre de traduire le Pastor Fido. L’intention de la Reine étoit de faire semblant de s’amuser à faire jouer des comédies, pour empêcher M. de Luynes d’avoir du soupçon d’elle. Mais Bois-Robert ayant demandé six mois, on lui dit : « Vous n’êtes pas notre fait. » À propos de la Reine-mère, Verderonne dit un jour à Bois-Robert : « J’ai été page de la Reine-mère. — Hé quoi ! lui dit Bois-Robert, se peut-il que vous ayez été page de la Reine-mère, et que je ne vous aie point connu ? » Comme vous verrez, on l’a accusé d’aimer les pages. (T.)