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paires de chaussons, et ainsi du reste. Il fut deux ans sans parler, puis tout d’un coup il parla fort bien françois ; on s’en étonna. « C’est, dit-il, que je n’ai point voulu parler que je ne susse bien la langue. »

Après cela, il devint amoureux de madame Des Essars[1], que le cardinal de Guise, à ce qu’elle prétendoit, venoit de laisser veuve avec trois ou quatre enfants : l’abbé de Chailly, le comte de Romorantin, le chevalier de Lorraine et madame de Rhodes[2]. Pour l’amour d’elle, le cardinal de Guise donna un soufflet à M. de Nevers dans la contestation du prieuré de La Charité, où elle avoit quelques prétentions pour son fils[3].

C’est d’elle que veut parler Maynard quand il dit :

Et la pauvrette s’est donnée
D’un … tout au travers du corps ;


car on dit que, pour se consoler de la mort du cardinal, elle coucha avec un valet-de-chambre qui lui ressembloit. Elle étoit fille de madame de Cheny, de la maison de Harlay[4], qui étant veuve eut une galanterie

  1. Charlotte Des Essars, dame de Sautour, comtesse de Romorantin, mariée au maréchal de L’Hôpital.
  2. Voyez Dreux Du Radier, Histoire des reines et régentes, article de Charlotte Des Essars, comtesse de Romorantin.
  3. Voyez les Mémoires de Marolles, pag. 45 de l’édition in-folio, et Dreux Du Radier au lieu déjà cité.
  4. Charlotte de Harlay, veuve de Jean de La Rivière, seigneur de Cheny, bailly de Sens, étoit fille de Louis de Harlay, seigneur de Cesy et de Champvallon, et de Louise de Carre (ou Car), dame de Saint-Quentin. D’après le Père Anselme, qui n’est pas suspecté de trop de complaisance, elle auroit épousé François Des Essars, seigneur de Sau-