Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/200

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avec un M. de Sautour de Champagne, d’où vint madame Des Essars, qui se disoit légitime, mais il n’y avoit jamais eu de mariage.

Beaumont-Harlay, allant en ambassade en Angleterre, y mena sa femme et cette fille aussi qu’il tira de religion : elle s’appeloit alors mademoiselle de La Haye ; elle devint grande et si belle qu’il n’y avoit que madame Quelin et madame la Princesse qui en approchassent[1]. Elle eut deux filles, madame de Fontevrault et madame de Chelles[2]. Madame la Princesse avoit plus d’agrément que pas une, mais les deux autres étoient plus belles : madame de Beaumont[3] en étoit terriblement jalouse.

Henri IV, dès le temps que mademoiselle de La Haye étoit en Angleterre, ouït parler de cette beauté ; quand elle fut ici, il fit son traité pour trente mille écus, je pense ; après cela elle se nomma madame Des Essars, disant que c’étoit une terre de M. de Sautour, son père. On dit qu’elle se faisoit frotter par tout le corps par trois ou quatre gros coquins, et après, les pores étant bien ouverts, elle s’oignoit depuis les pieds jusqu’à la tête de cette pommade qu’on appelle encore

    tour, lieutenant de roi en Champagne, et de cette alliance seroit issue la comtesse de Romorantin. Tallemant est d’une opinion contraire.

  1. Voir tome I, p. 105 et 106.
  2. Marie Moreau, femme de Nicolas de Harlay, seigneur de Sanci et de Beaumont, ambassadeur en Allemagne et en Angleterre, colonel-général des Suisses, etc., etc. Elle mourut en 1629.
  3. La comtesse de Romorantin eut deux filles du Roi, Jeanne-Baptiste de Bourbon, abbesse de Fontevrault, en 1637, et Marie Henriette de Bourbon, abbesse de Chelles, en 1627. (Voyez le Père Anselme, t. I, p. 151.)