Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/203

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cette vieille dagorne[1] fit semblant de vouloir montrer quelque chose à un jeune cavalier qui avoit dîné avec le maréchal ; et quand elle se vit seule avec ce garçon : « Tr…… moi, lui dit-elle. — Allez au diable, vieille chienne, lui répondit-il ; allez chercher ailleurs. »




MENANT ET SA FILLE.


C’étoit un homme d’affaires dont on conte d’assez plaisantes choses. Au commencement de sa fortune, il s’associa avec un nommé Alix. Menant voulut tenir la bourse, et quand ce fut à rendre compte, il fit un si gros cahier de frais que l’autre ne put s’empêcher d’en murmurer, et de dire qu’il n’aimoit pas qu’on le dupât. Menant s’en tint si offensé, qu’il lui dit qu’il le vouloit voir l’épée à la main : « Volontiers, » dit l’autre. Les voilà bien échauffés : cependant ils prennent six semaines de temps pour mettre ordre à leurs affaires ; pendant ce temps-là, Menant estocadoit tous les jours contre la quenouille de son lit, et le jour du combat étant venu, ils vont tous deux au Pré-aux-Clercs. Comme ils furent en présence, Menant demanda à Alix s’il étoit en l’état où un homme de bien devoit être, et en même temps il déboutonna son pourpoint ; l’autre marchandoit : Menant l’approche,

  1. Dagorne, terme populaire et injurieux qu’on dit à une femme vieille, laide et de mauvaise humeur. (Dictionnaire de Trévoux.)