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Donc, samedi 17 août, j’unissais mes prières à celles du grand pèlerinage national. Un ami ecclésiastique m’avait envoyé l’itinéraire et l’horaire, et du cœur je suivais les chers malades ; et aussi, les jours suivants. Je les suivais dans les villes qu’ils traversaient ; je priais avec eux à distance.

Le mardi 20, mon âme était avec la leur à Lourdes. Ce jour-là, j’ai passé toute la journée dans la méditation, et j’ai supplié la divine Mère, Notre-Dame des Victoires, Notre-Dame du Sacré-Cœur, de parfaire en moi l’œuvre de Jeanne d’Arc.

La veille, j’avais repris l’exposé sommaire de mes dernières difficultés, et j’y avais ajouté quelques explications qui me paraissaient nécessaires. Cela avait été mis au net, en deux copies. J’avais laissé de grandes marges, en vue de remarques à faire dans une révision définitive ; je m’étais fixé le mercredi 21 pour ce dernier travail, et ce jour-là je devais envoyer le mémorandum complet à deux théologiens : l’un, catholique, et l’autre, protestant.

Dieu n’a pas voulu qu’il en fût ainsi. La Reine du Ciel avait obtenu de son adorable Fils que le nouveau piège de Satan serait vain.

Au cours de mes méditations du mardi, j’avais parcouru la Vie des saints qui est à la bibliothèque du couvent. J’y vis qu’on célébrait, le 21, sainte Jeanne de Chantal ; je connaissais sa vie, mais je la relus avec avidité. Le calendrier portait aussi d’autres saints, et notamment la bienheureuse Adelinde, abbesse d’un monastère de chanoinesse nobles, en Souabe, et sainte Euprépie, humble servante, martyre.

Je pris grand intérêt aussi à la vie de ces deux saintes, si différentes par leur situation sur la terre et si admirablement réunies au royaume de la gloire éternelle. Adelinde, grande dame, ayant perdu son mari et son fils, morts les armes à la main en combattant l’envahisseur de leur patrie, avait recueilli leurs corps et fondé, au lieu de leur sépulture, ce monastère qu’elle gouverna jusqu’à sa dernière heure et qui comprenait un collège pour l’éducation des jeunes filles de la noblesse. Euprépie, d’une humble condition, était servante de sainte Hilaria, mère de sainte Afre, martyre ; comme Hilaria veillait avec Euprépie auprès du sépulcre où elle avait enseveli sa fille Afre, les persécuteurs la saisirent, ainsi que deux autres servantes, et livrèrent au feu les quatre saintes femmes. N’est-ce pas, vraiment beau, ce dévouement des modestes filles du peuple, voulant partager le sort de leur maîtresse ? Le bûcher d’Euprépie me fit songer à celui de Jeanne d’Arc.

Le soir, je renouvelai ma prière à Marie. La précédente nuit avait été affreuse pour moi. Je me répétais que ces horribles cauchemars