Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/551

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trouvant qu’il faisait trop chaud dans la maison, répondit Dolly ; — cette nouvelle contraria Levine, qui trouvait toujours dangereux d’emmener l’enfant si loin.

— Cette jeune femme ne sait qu’inventer, dit le vieux prince ; elle transporte son fils d’un coin à l’autre ; je lui ai conseillé d’essayer de la cave à glace.

— Elle nous rejoindra aux ruches ; elle croyait que tu y étais, ajouta Dolly, c’est le but de notre promenade.

— Que fais-tu de bon ? demanda Serge Ivanitch à son frère en le retenant.

— Rien de particulier, et toi ? Nous restes-tu quelque temps ? nous t’avons longtemps attendu.

— Une quinzaine, j’ai fort à faire à Moscou. »

Les regards des deux frères se croisèrent, et Levine baissa les yeux sans trouver de réponse ; voulant éviter la guerre de Serbie et la question slave, afin de ne pas retomber dans des discussions qui eussent troublé les rapports simples et cordiaux qu’il souhaitait conserver avec Serge Ivanitch, il lui demanda des nouvelles de son livre.

Kosnichef sourit.

« Personne n’y songe, moi moins qu’un autre. – Vous verrez que nous aurons de la pluie, Daria Alexandrovna, dit-il en montrant des nuages qui s’amoncelaient au-dessus des arbres. »

Levine s’approcha de Katavasof.

« Quelle bonne idée vous avez eue de nous venir, dit-il.