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CHAPITRE VIII

ACCEPTATION INÉVITABLE PAR LES HOMMES DE NOTRE MONDE DE LA DOCTRINE DE LA NON-RÉSISTANCE AU MAL.

On dit souvent que si le christianisme était une vérité, il aurait dû être accepté par tous les hommes dès son apparition et changer à ce moment même les conditions de la vie en l’améliorant. C’est comme si on disait que la graine, du moment qu’elle peut germer, doit donner à la fois la tige, la fleur et le fruit.

La doctrine du Christ n’est pas une jurisprudence qui, étant imposée par la violence, peut changer immédiatement la vie des hommes. C’est une nouvelle conception de la vie, plus haute que l’ancienne ; et une nouvelle conception de la vie ne peut pas être prescrite, elle ne peut qu’être librement assimilée. Et elle ne peut être librement assimilée que par deux voies : l’une intérieure, spirituelle, et l’autre extérieure, expérimentale.

Les uns — la minorité — par une sorte d’instinct prophétique, devinent immédiatement la vérité de la doctrine et la suivent. D’autres — le plus grand nombre — ne sont amenés à la vérité de la doctrine et à la nécessité de la suivre que par une longue voie d’erreurs, d’expériences et de souffrances.

C’est à cette nécessité de l’assimilation de la doctrine qu’a été amenée aujourd’hui, par la voie expérimentale extérieure, la majorité de l’humanité chrétienne.

On se demande parfois en quoi la corruption du chris-