Page:Tolstoï - L’Esprit chrétien et le patriotisme.djvu/65

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et ces arcs de triomphe ; celui-là même qui a composé et imprimé ces journaux et ces brochures ; celui-là même qui a pris ces faisans et ces ortolans, pêché ces huîtres, vendangé ce vin que consomment tous ces gens qu’il nourrit, qu’il instruit, qu’il entretient, et qui, en le trompant, lui préparent une effroyable misère ; c’est ce bon peuple naïf qui, montrant ses dents blanches et saines, regardait, joyeux comme le sont les enfants, tous ces amiraux parés, tous ces présidents, tous ces drapeaux qui ondulaient sur leurs têtes, tous ces feux d’artifice qui peuplaient l’air. Or, pour ceux qui n’ont rien pu voir au passage, il n’y aura plus, tout à l’heure, ni amiraux, ni présidents, ni drapeaux, ni feux d’artifice, mais seulement les champs humides