Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/513

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J’espère que mes idées, une fois exprimées, soulèveront des opinions contraires. Toutes les opinions trouveront un accueil cordial dans les pages de ma revue. J’ai peur seulement que ces opinions ne soient exprimées d’une façon agressive, que la discussion d’un sujet aussi important et aussi cher à tous qu’est l’instruction publique ne se transforme en des moqueries, des personnalités et en une polémique de journal. Je ne dirai pas que les moqueries et les blessures n’ont pas prise sur moi, que je me sens au-dessus d’elles. Au contraire, j’avoue que j’ai peur pour moi-même autant que pour mon œuvre. J’ai peur d’être entraîné dans une polémique d’un caractère personnel, au lieu de continuer un travail calme et persévérant dans l’œuvre entreprise.

» C’est à cause de cela que je demande à tous les adversaires futurs de mes opinions, d’exprimer leurs pensées de telle manière, que je puisse donner des explications et développer mes arguments là où le désaccord sera causé par une obscurité quelconque, et que je puisse céder là où le caractère erroné de mes opinions sera bien prouvé.

» Comte Léon Tolstoï. »

Cette activité de propagande de la part de Tolstoï souleva bientôt une curieuse polémique entre deux ministères russes : ceux de l’Intérieur et de l’Instruction publique. Le ministère de l’Intérieur, toujours porté à voir dans les idées un peu avancées le commencement de la révolution, dénonça au ministère de l’Instruction publique les tendances dangereuses de la revue : Iasnaïa-Poliana.

Heureusement, le ministre de l’Instruction publique, à cette époque-là, était un peu libéral, et, après avoir