Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/438

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qu’en cas de divergence d’opinion on devait aller aux voix.

Serge Ivanovitch lut l’article et se mit à l’interpréter. Mais tout à coup un propriétaire, un homme de haute taille, gros, voûté, les moustaches pommadées, sanglé dans un uniforme au col trop étroit, l’interrompit. Il s’approcha du bureau, et y frappant avec sa bague, s’écria à haute voix :

— Voter ! Des boules ! Assez de bavardage ! Les boules !

Aussitôt plusieurs voix se firent entendre, et le gentilhomme à la bague, s’excitant de plus en plus, cria d’une voix encore plus forte. Mais on ne pouvait comprendre ce qu’il disait.

Il était du même avis que Serge Ivanovitch, et ne l’interrompait que par animosité contre lui et son parti. Cette animosité se communiqua au parti adverse qui se mit à protester, bien qu’avec plus de réserve. Des clameurs s’élevèrent et il se fit un tel vacarme que le maréchal de la noblesse dut réclamer le silence.

— Votons ! Votons ! Tout vrai gentilhomme comprendra…

— Nous verserons notre sang… la confiance du souverain…

— Il ne s’agit pas de cela… Permettez !… Les boules !… C’est une lâcheté ! criaient de tous côtés des voix agacées et furieuses.