Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol19.djvu/28

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III

Je vécus ainsi, m’adonnant à cette folie, durant six années encore, jusqu’à mon mariage. À cette époque je partis à l’étranger. La vie en Europe et mes rapports avec les hommes avancés et les savants européens, m’affermirent de plus en plus dans cette croyance au perfectionnement en général, qui avait été la mienne, et que je retrouvais chez eux aussi. Cette croyance prit en moi la forme habituelle, celle qu’elle revêt chez la majorité des gens instruits de notre temps. Elle s’exprimait par le mot « progrès ». Il me semblait alors que ce mot signifiait quelque chose. Je ne comprenais pas encore que, tourmenté comme tout homme qui pense, par cette question : Comment dois-je vivre pour vivre le mieux possible ? et y répondant : Vivre en accord avec le progrès, je répondais exactement comme un homme dont la