Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/157

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C’est ainsi que tous sont mêlés. Ceux des premiers rangs seraient heureux de donner leur dernière bouchée, leur dernier vêtement, mais cela n’arrive jamais, car ce qu’ils donnent leur est toujours remplacé. De cette façon, les faibles sont fortifiés dans leur foi, et ceci explique aussi pourquoi nous avons toujours du superflu.

Jules répondit :

— S’il en est ainsi, alors vous vous éloignez beaucoup de la doctrine du Christ, et mettez l’apparence à la place du réel. Si vous ne donnez pas tout, il n’y a pas de différence entre nous et vous. Suivant moi, si l’on est chrétien il faut exécuter tout, se dépouiller de tout et se résigner à la mendicité.

— C’est ce qu’il y aurait de mieux, dit Pamphile. Fais cela.

— Oui, je le ferai quand vous m’aurez montré ce que vous faites.

— Nous ne voulons rien montrer. Je ne te conseille pas non plus de quitter ton milieu et de venir à nous uniquement pour faire de l’effet. Ce que nous faisons, nous ne le faisons pas pour le monde mais en vertu de notre foi.

— Que veux-tu dire par là : en vertu de notre foi ?

— Je veux dire que la vie selon la doctrine du Christ peut seule nous affranchir des péchés de ce monde ainsi que de la mort. Ce que dira le monde