Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/213

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faire, dit Jules. Et il raconta au médecin qu’après leur rencontre il avait suivi ses conseils et avait goûté à la vie, mais que toutes ses promesses avaient été déçues, et que, maintenant, désenchanté, non satisfait, il était absolument décidé à mettre à exécution l’intention qu’il avait eue quelques années auparavant.

— Oui, évidemment, ils t’ont conté tous leurs mensonges. Un homme dans ta position, avec les devoirs qui t’incombent, surtout envers tes enfants, ne vois-tu pas leur erreur ?

— Lis cela, lui dit Jules, tendant le manuscrit qu’il avait lu.

Le médecin prit le manuscrit et y jeta un coup d’œil.

— Je connais cela. Je connais cette tromperie, et, la seule chose qui m’étonne, c’est qu’un homme de ton intelligence puisse tomber aussi facilement dans un piège semblable.

— Je ne te comprends pas. De quel piège parles-tu ?

— Tout est dans la vie, et voilà des sophistes et des rebelles contre les hommes et les dieux qui proposent un chemin de la vie dans lequel tous les hommes seraient heureux : plus de guerres, plus d’exécutions, de pauvreté, d’immoralité, de querelles, de colère. Ils affirment que toutes ces conditions seront réalisées aussitôt que les hommes rempliront les commandements du