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il lui présenta des billets de concert, des quittances d’abonnement à Paris-Journal, des photographies de Louis Veuillot et des invitations aux soirées d’Arsène Houssaye. — Enfin, la veille du jour où Boïard devait courir, il lui offrit, à brûle museau, des actions des Galions de Vigo ; Boïard partit comme un obus ; on eut même de la peine à lui faire comprendre que c’était pour rire et à le ramener à son écurie. — Le succès était désormais assuré ; aussi Boïard gagna-t-il avec une facilité désespérante le prix de la Seine, celui du Jockey-Club à Chantilly, et le grand prix de 100 000 francs de la ville de Paris, le 8 juin 1873. — On a calculé qu’en une année, Boïard avait rapporté à son propriétaire, tant en prix qu’en paris, une somme de 350 000 francs. Il paraît que M. Delamarre a mis cet argent de côté, parce qu’il craint de le perdre prochainement dans une course spéciale à laquelle Boïard vient d’être défié par le prince Napoléon. On placerait le prince et le cheval côte à côte au milieu du Champ-de-Mars et une vive fusillade serait le signal du départ. Le but serait Ajaccio et l’enjeu 300 000 francs. Tout le monde croit que le prince arrivera bon premier.

Au physique, Boïard est un magnifique bai-brun, de l’allure la plus élégante. — En dépit du régime terrible qu’il a dû suivre pour maigrir, quelques amateurs le trouvent un peu massif. Quant à nous, qui avons suivi de près le traitement que lui a fait subir M. Carter pour ne l’amener qu’au point de maigreur où il en est, nous restons stupéfiés en nous demandant à quelle série d’entraînements surnaturels Mlle  Sarah Bernhardt a pu devoir un résultat incontestablement plus complet encore. — Boïard, qui est très ardent, avait un défaut dont son entraîneur a eu quelque mal à le corriger : c’était une trop grande impétuosité au départ. Souvent, il lui arrivait de partir avec tant de violence, et la secousse était si forte, qu’il sortait de sa peau et la laissait derrière lui avec le jockey dessus.

Juin 1873.

NOTICE COMPLÉMENTAIRE

DATES À REMPLIR
PAR LES COLLECTIONNEURS DU TROMBINOSCOPE

Après plusieurs succès éclatants sur le turf, Boïard cesse de courir le... 18... — M. Delamarre lui signifie, le... 18..., qu’à partir de ce jour, il ait à se tenir prêt à embrasser la dernière profession de M. Vermouth, son père. — Cette proposition révolte la fierté de Boïard. — Il s’indigne ; mais finit par consentir, le... 18..., à la condition qu’il aura droit à une jument de cœur. — Il quitte, le... 18..., les écuries de M. Delamarre, passe, tour à tour, aux mains d’un coulissier de la Bourse, d’un voyageur en pains d’épices et d’un marchand de robinets de fontaine, devient figurant au Cirque dans les pièces militaires, et cheval de manivelle à chevaux de bois à la fête à Saint-Cloud. — Le... 18..., il est vendu au propriétaire du fiacre 4791. — Enfin Boïard meurt, le... 18..., d’un coup de sang qu’il attrappe en conduisant Dumaine à son théâtre.


LA BIOGRAPHIE, 15 CENTIMES. — PROVINCE, SOUS BANDE, 20 CENTIMES.

PARIS. — IMPRIMERIE F. DEBONS ET Cie, RUE DU CROISSANT, 16.