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ADE ADH ADH ADI


prirent en 1538. Tel est ce port célébre nommé Adana, ou Aden, si fréquenté depuis plusieurs siècles, qui pour avoir été le lieu le plus délicieux d’une région très-délicieuse, je veux dire de l’Arabie heureuse, a été nommé lui-même l’Arabie heureuse, comme renfermant en soi toutes les beautés de cette contrée ; quoiqu’outre cet Adana il y en eût encore une autre méditerranée dans le même pays, portant le même nom que la première, & pour la même raison. Huet.

ADENA, ou ADANA. Aujourd’hui Malmistra. Ville archiépiscopale de Cilicie, dans l’Anatolie. Un fleuve nommé Géhon, c’est le Pyramus des Anciens, passe par la ville d’Adana. Huet. Le nom Adana est le même que celui d’Eden. Id. & que celui d’Aden.

ADÉNÉRER. v. a. Vieux terme de Pratique & de Coutume, dont on se servoit dans les licitations, pour dire, mettre à prix. Pretium statuere.

ADENT. s. m. Terme de charpenterie & de menuiserie, qui se dit de certaines entailles ou emboîtures qui se font en forme de dents, pour mieux lier & assembler des pièces de bois, ou des tenons dans des mortoises. Assemblage en adent.

ADÉODAT. s. m. Adeodatus. Nom, ou surnom qu’on a donné à plusieurs hommes, & qui est formé du Latin, & signifie, Donné de Dieu, ou, comme on a dit en François, Dieu-donné, ou de Dieu-donné. Le Pape Adéodat fut élu en 671, après Vitalien. Philippe-Auguste & Louis XIV ont été surnommés Adéodat.

ADÉONE. s. f. Adeona. Déesse à laquelle les Romains se recommandoient quand ils alloient quelque part, comme témoigne S. Augustin dans la Cité de Dieu, L. IV. C.22.

Ce mot a été formé du verbe Adco, je vais ; j’entre.

ADEPTE. s. m. Adeptus. Les Adeptes. Nom de certains Alchimistes, qui prétendent avoir trouvé le secret de la transmutation des métaux, ou la pierre philosophale. Harr.

Ce nom vient du participe adeptus, du verbe latin adipiscor, qui signifie, trouver, acquérir, parce qu’ils prétendent avoir trouvé le grand secret de la transformation des métaux. Ces Alchimistes disent qu’il y a toujours douze Adeptes, qui sont remplacés par d’autres, lorsqu’il plaît à quelqu’un de la fraternité de mourir, ou de se transporter lui-même quelque part où il puisse faire usage de son or ; car dans ce mauvais monde-ci, disent-ils, il ne leur procure pas une chemise. Harr.

ADER. Voyez la Tour d’Ader ; car c’est une erreur de prendre Ader seul pour tout le nom de ce lieu, & de dire qu’il signifie la Tour du troupeau ; car Ader signifie seulement Troupeau.

ADÈS. Vieux mot, qui veut dire, selon Pasquier, incontinent, maintenant, alors.

Et tout adés en regardant.

Rom. De la Rose.

Adés sera précédé à la requête du diligent. Bouthiller.

ADESSÉNAIRES. s. m. & f. Adessenarii. Hérétiques qui croient que Jésus-Christ est dans l’Eucharistie, mais dans un sens différent de celui des Catholiques Romains. Les Adessénaires sont de quatre différentes opinions sur cela. Les uns soutiennent qu’il faut dire que le corps de Jésus-Christ est au pain, les autres qu’il est à l’entour du pain ; les autres qu’il est avec le pain ; & les autres enfin, qu’il est sous le pain. Les Adessénaires, comme il paroît par-là, sont ceux qu’on appelle autrement Impanateurs. Adessénaire, est un nom forgé par Pratéole. Il vient du verbe latin adesse, adsum. Je suis présent. Mais il n’a jamais été dans l’usage ordinaire, & nulle secte ne l’a porté. Quelques-uns de nos Auteurs s’en servent néanmoins, comme Jovet & le Dictionnaire Historique.

ADEXTRÉ, ÉE, adj. Terme de blason, qui se dit des pièces qui se mettent au côté dextre de l’Écu ; comme au contraire, ce qui se mer au côté sénestre se dit senestré. Habens ad dexteram, ad sinistram. On le dit aussi, lorsque l’on blasonne la partie droite de l’Ecu, & qu’elle est d’un émail différent de la gauche.

On dit encore d’un pal, ou autre pièce, qui a, par exemple, un lion à sa droite, qu’il est adextré de ce lion.

Terme de Philosophie. État de deux corps qui tiennent ensemble ; soit parce que leurs parties sont contiguës, ou engagées les unes avec les autres ; soit parce qu’ils sont seulement comprimés par l’action des corps extérieurs qui les touchent immédiatement. Adhæsia, copulatio.

Adhérence, s. s. Attachement à une chose, à un parti, ou à un sentiment. Adhæsia. L’adhérence à l’hérésie emporte excommunication. On dit aussi en Médecine & en Anatomie, l’adhérence de la peau, l’adhérence des poumons. Les poumons sont quelquefois attachés à la plèvre, & au diaphragme, par des ligaments fibreux. La cause de cette adhérence embarrasse les Anatomistes. Dionis.

Il signifie figurément, Complaisance, condescendance en des choses où on ne devroit pas en avoir. Ce père a gâté son fils par une mauvaise adhérence à toutes ses fantaisies.


ADHÉRENT, ente. adj. Qui est joint, contigu, attaché à quelque chose. Adhærens, Inhærens. Il a acheté cette maison parce que elle était adhérente à la sienne. La gangrène corrompt toutes les parties adhérentes, ou voisines. La pierre est adhérente à la vessie.

D’autres écrivent adhérant, ante, comme étant participe du verbe adhérer. La peau est plus adhérante à l’homme qu’à certains animaux, ce qui fait qu’ils la meuvent plus aisément. Dionis. La chaux ne vaut rien quand elle est éteinte en certaines eaux ; au lieu que d’autres la rendent beaucoup plus liée, plus forte & plus adhérante. Le P. le Comte.

Adhérent s. m. Se dit au figuré de ceux qui suivent un même parti, qui sont dans les mêmes sentiment, ou dans les mêmes intérêts. Studiosus. Tous les adhérens d’Antoine furent déclarés ennemis du Sénat. Ablanc. On a excommunié cet hérétique avec ses fauteurs & adhérens. Il ne se prend qu’en mauvaise part.

ADHÉRER. v. act. Être joint, & uni ; être tout près. Adhærere attaché à quelque chose. Il n’est guère en usage au propre, si ce n’est dans la dogmatique, où l’on dit, que L’accident adhère nécessairement à la substance:& en médecine ; c’est une maladie du poumon d’adhérer aux parois du thorax.

Au figuré, il signifie être attaché aux sentimens de quelqu’un, les approuver. Studere, studiosum esse. Il n’a jamais adhèré aux hérétiques; pour dire, Il n’a jamais été de leur parti. Pourquoi poussez-vous la complaisance jusqu’à adhérer à toutes ses fantaisies ?

ADHESION. s. f. Attache, jonction, liaison. Adhæsio. Les Scholastiques, & nommément S. Bonaventure, distinguent deux certitudes:l’une de spéculation, qui naît de l’évidence de la chose ; & l’autre d’adhésion, qui nait, non pas de l’évidence, mais de l’importance de la chose, & de l’intérêt qu’on y a. Ainsi la volonté adhère fortement à la vérité, à cause de l’intérêt qu’elle a à la croire. C’est là ce que les Scholastiques appellent certitude d’adhésion.

ADI.

ADIABÈNE. Adiabene. Contrée d’Asie toute entière à l’orient du Tigre, & non entre le Tigre & l’Euphrate, comme l’a prétendu Etienne le Géographe, & après lui Suidas qui disent qu’elle s’appelle aussi Messène, Μεσσήνη, parce qu’elle étoit entre ces deux fleuves, Voyez Messene. Pline met l’Adiabène au-delà de l’Arménie ; & dit au Liv. VI, Chap. 9, qu’elle est entourée de montagnes d’un côté, & du Tigre de l’autre. Pinet, son traducteur, au lieu d’Adiabène, dit la région du Diarbeck, ou Mosul. Pline ne dit point que l’Adiabène fut une partie de l’Assyrie ; mais l’Assyrie elle-même, qui avoit changé de nom. Voyez L. V. C. 12. Ammien Marcellin en dit autant, L. XXIII. C. VI. Ainsi les Dictionnaires, qui disent que c’est une contrée de l’ancienne Assyrie, se trompent. Et quoique Pline, L. VI, C. 13, dise, Adiabene Assyriorum initium, cela ne signifie pas que ce n’est qu’une partie de l’Assyrie ; mais que ce n’est qu’une partie de l’empire des Assyriens qui commença par-là ; & à quoi ils ajoutèrent ensuite bien d’autres provinces ; & par conséquent que c’est là proprement l’Assyrie. Dans le sens étroit, l’Assyrie étoit une province assez bornée, dont Ninive étoit la capitale ; & c’est cette province qui a depuis été nommée Adiabène. Huet. Les Grecs ont dérivé ce nom de ἀδιάβατος, qui signifie inaccessible ; & ils ont cru qu’elle avoit ce nom à cause des fleuves dont elle est toute entrecoupée. Ammien Marcellin prétend avec plus d’apparence, que ce nom vient du fleuve Diava, qui est celui que les Grecs appellent Lycus ; car Deva ou Diava, est la même chose en Chaldéen que Lycus en Grec, & veut dire Loup. de Diava, en y ajoutant l’article ha, on fait Hadiaba, & ensuite Hadiabène. les Juifs l’appellent Hadiab ; ainsi ce nom signifie la même chose que Lycie, ou région des Loups.

ADIABÉNIEN, ENNE. Adiabenus. Homme d’Adiabène, habitant de l’Adiabène, ainsi appellé dans des temps postérieurs. Tigrane étant sorti de l’Arménie, étoit entré dans les terres des Adiabéniens, qui est une nation limitrophe. De Harly.

ADJACENT, ente. adj. Contigu, situé auprès, ou très-proche. Adjacens, continens atque adjunctum. Il a le gouvernement d’une telle province, & des îles adjacentes. Ce mot vient du Latin ad & jacere. On ne s’en sert guère que dans la Pratique.

ADIANTE. s. m. Adiantum. Plante, qui est une espèce des cinq capillaires. Elle croit ordinairement autour des puits ; les Espagnols l’appellent Sargasso; ils donnent le même nom à une herbe, dont toute la mer est couverte au Cap Vert, & aux îles de Cuba & d’Hispaniola. Ce mot est composé de la particule privative α & du verbe διαίνω, humesco, Je deviens humide, ou, je suis mouillé. Ainsi on la nomme Adiantum, parce que lorsqu’on


verse