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ADO ADR
ADR.

ADRACHNE. s. m. C’est une espèce d’arbre de grandeur médiocre, dont l’écorce est blanche & luisante ; son bois est fort dur ; sa fleur & son fruit sont semblables à ceux de l’arbousier ; il vient en Candie : sa feuille résiste au venin. Voyez Théophraste.

ADRAGAN. s. m. Adragantum gummi. C’est le nom d’un suc gommeux qui se tire d’un arbre que les Grecs appellent Tragacantha, les Persans Kar Moghilan, & les Arabes Carad. D’Herb. On ne dit point Adragant tout seul, mais gomme d’Adragant. Quelquefois on écrit Adragante, & quelquefois Adraganth. Ce mot est écrit de la seconde manière dans le Dictionnaire de Commerce : d’Herbelot écrit Adragan.

ADRAMELECH. s. m. Faux Dieu des Sépharraïmites, Peuple envoyé dans la Terre-Sainte, par les Rois d’Assyrie, à la place des Israëlites, après que Salmanasar eut détruit le Royaume d’Israël. Les adorateurs d’Adramelech brûloient leurs enfans en son honneur, iv des Rois 17, 31, ce qui a persuadé Selden que c’étoit la même Divinité que Moloch. Quelques Auteurs Hébreux, cités par Munster, disent qu’on le représentoit sous la forme d’un mulet, & d’autres sous celle d’un paon.

Adramelech, est aussi le nom d’un des fils de Sennacherib. Ce nom signifie, puissance, grandeur, magnificence du Roi, ou Roi puissant, magnifique.

☞ ADRASTE. s. m. Roi d’Argos & de Sicyone, fut un Prince renommé par sa valeur & par sa sagesse. Il s’acquit une grande réputation dans la première guerre de Thèbes, & fut le seul des sept Chefs qui en revint.

ADRASTÉE, ou plutôt ADRASTIE. s.f. Adrastia. Fausse Divinité, nommée autrement Némésis, fille de Jupiter & de la Nécessité, ou selon Hésiode, de la Nuit, & selon Pausanias, de l’Océan & de la Nuit. Son emploi étoit de punir les crimes. Les Prêtres Égyptiens plaçoient Adrastie au-dessus de la Lune, d’où elle examinoit tout le monde, sans qu’aucun coupable lui échapât.

Strabon tire ce nom de celui d’Adraste. Roi d’Argos ; mais Phormétus le dérive du Grec ἀεί δρᾶν, de sorte qu’il marque une Divinité qui est toujours en action, que rien n’empêche d’agir & de punir les coupables ; Pausanias, de l’α privatif, & de δράω ; pris dans le sens de διδράσϰω je fuis, parce qu’on ne se soustrait jamais à la vengeance céleste.

Adrastie, ou Adrastée, est aussi le nom d’une ville de Troade, bâtie par un Adraste, fils de Mérops, qui y bâtit un Temple à la Fortune : il y eut aussi un Oracle d’Apollon.

ADRESSANT, ante. adj. m. & f. Qui est envoyé à certain lieu, ou à certaines personnes. Inscriptus. Les lettres de Chancelleries sont toutes adressantes aux Juges ou autres Officiers Royaux.

ADRESSE. s. f. Dextérité, industrie, subtilité, soit de la main, soit du corps. Solertia, ars. Les Charlatans font mille tours avec une adresse merveilleuse. Ce Cavalier fait tous ses exercices avec beaucoup d’adresse ; il a une adresse naturelle pour toutes choses. Les jeux d’adresse sont permis, comme la paume, le billard, &c. Si l’adresse humaine peut quelquefois imiter la nature, que ne peut point le souverain Architecte du monde ? P. Dan.

Adresse, se dit figurément de la subtilité, de la prudence, & de la finesse de l’esprit, ou pour le bien, ou pour le mal. Calliditas, dexteritas, consilium. Il faut beaucoup d’adresse pour conduire une pièce de théatre. On lui a tiré son secret avec adresse. Dans le monde il faut dissimuler avec adresse les vérités qui ne plaisent pas. S. Evr. On ne peut point s’assurer d’un cœur qu’on ne retient que par adresse. Ch. d. Mer. Pour réussir à la Cour, il faut plus d’adresse que de bonne foi. Il se prend aussi pour ruse, & artifice. On déteste les lâches adresses de ceux qui abusent de la foiblesse des Princes. S. Evr. Par l’adresse de ceux qui s’enrichissent de la superstition des autres, on ne voyoit par tout-que nouvelles cérémonies. Bayl.

Ce qui devroit venir de la bonté des cœurs.
Vient de l’adresse, & du génie.

On le dit aussi de la conduite & de l’habileté dans le manîment des affaires. Il a fait réussir cette affaire par son adresse, & par la manière dont il l’a tournée. Le Peuple est si grossier qu’on ne doit pas se donner la peine de le tromper avec adresse. S. Evr. Le crime trouve moins d’aversion quand il est conduit avec beaucoup d’adresse. S. Evr.

Adresse, se transporte quelquefois figurément de l’ouvrier à l’instrument dont il se sert.

De son urne à leurs yeux l’autre étale l’ouvrage,
Et leur fait admirer l’adresse du ciseau.

Adresse, se dit aussi de la suscription des lettres ordinaires, qui marque le lieu, ou la personne, où on les veut faire tenir. Il a fait tenir ce paquet à son adresse. Vous avez mis sur ma lettre une adresse qui n’est pas lisible.

Adresse, se dit encore des mémoires qu’on laisse, ou des instructions qu’on donne pour trouver quelque personne, ou quel-


que chose. Institutio.. Il n’a garde de manquer de trouver cet homme-là, on lui a donné de trop bonnes adresses. Il a toutes les adresses du chemin qu’il doit tenir dans son voyage, & des lieux où il se doit arrêter.

Adresse, se dit quelquefois des Requêtes qu’on présente, en cette phrase fort ordinaire dans les Gazettes:On a présenté une Adresse au Roi d’Angleterre ; pour dire, une Requête, un Mémoire, un Placet. Libellus suplex memorialis. Adresse est un terme plus honorable que celui de Requête. Larrey. Edouard vi. p. 624.

On appelle Bureau d’adresse, un Bureau établi à Paris par Théophraste Renaudot fameux Médecin, où on trouve les avis de plusieurs choses dont on a besoin. C’est aussi le bureau où se fait la Gazette, d’où vient qu’on appelle figurément un bureau d’adresse, les maisons où on débite beaucoup de nouvelles. Le bureau d’adresse de Paris a été long-temps interrompu, & son peu de succès avoit découragé ceux qui s’en étoient mêlés. On vient de le rétablir en 1702. & la manière dont on y a établi le bon ordre pour la commodité du public fait espérer qu’il réussira.

ADRESSER. v. n. Tirer, aller droit au but. Toucher droit où l’on vise. Adresser au but. Ferire signum. Ce tireur a bien adressé ; dès le premier coup il a emporté le prix.

Adresser, v. a. Envoyer quelque chose directement en quelque lieu, ou à quelque personne qui est marquée & désignée par quelque inscription. Mittere. Les Commis de la Poste portent les lettres où on les adresse. Vous m’avez adressé un homme dont je suis embarrassé. Cette lettre s’adresse à vous. On dit, adresser ses pas ; pour dire, tourner ses pas vers quelque endroit. Iter dirigere.adressez-vous vos pas ?

Adresser avec le pronom personnel. Conj. Je m’adresse, je m’adressai, je me suis adressé. Il signifie, se présenter directement à quelqu’un, avoir recours à lui, lui demander une grâce, réclamer sa protection, son secours. Consugere. Il faut s’adresser directement à Dieu. Le Roi veut qu’on s’adresse à lui pour obtenir des grâces. Il faut s’adresser au Parlement pour faire entériner une rémission. Je m’adresse à vous pour me tirer du mauvais pas où je suis engagé.

On dit proverbialement, il faut s’adresser à Dieu plutôt qu’à ses Saints ; pour dire, qu’il vaut mieux s’adresser directement au maître pour obtenir quelque grâce, que d’employer pour cela la faveur de ses créatures, ou de ses domestiques.

Adresser, Dédier un Ouvrage. Dicare, dedicare. Le P. Maimbourg s’est fait un honneur d’adresser tous ses Ouvrages au Roi. Bayl. M. Ménage a ramassé un recueil des vers qui lui étoient adressés. Bail.

s’Adresser. Attaquer quelqu’un, soit par raillerie, soit par malignité. Oppugnare, insectari, petere, lacessere. Prudemment on ne doit point s’adresser aux personnes puissantes, de peur de succomber sous leur crédit. S. Evr. Vous êtes bien téméraire de vous adresser à moi. Ce reproche ne s’adresse qu’aux lâches.

On dit, à qui vous adressez-vous ? Vous vous trompez. Vous vous êtes mal adressé ; pour dire, à qui vous jouez-vous ? Vous n’y trouverez pas votre compte. Je sçais bien à qui je m’adresse.

On dit encore, Adresser la parole, le discours à quelqu’un ; pour dire, lui parler directement. Compellare, alloqui. C’est à vous, Scipion l’Africain, que j’adresse maintenant la parole ; vous dont le nom donne encore tant d’éclat & de gloire à cette Ville, quoique vous ne soyez plus au monde.

Celui qui sans discernement
Adresse à tous venans les louanges qu’il donne,
Fait grand tort à son jugement,
Et ne fait honneur à personne. Pavill.

Adressé, ée, part. & adj. Missus, inscriptus.

ADRIA. s. f. Adria. C’est le nom d’une Ville Episcopale d’Italie dans l’Etat de Venise ; elle est dans la Polésine de Rovigo. C’étoit, selon Ptolomée, une Colonie de Romains. Les vins d’Adria, vinum Adrianum, étoient renommés. Il y a aussi dans l’Abruzze une Ville de ce nom. Strabon parle encore d’un fleuve qu’il nomme Adria.

ADRIANE. Adrianopolis. Ville de la province de Cyrène en Afrique. Ce nom vient de celui de l’Empereur Adrien, qui, comme le témoigne Spartien, au lieu de monumens publics, aimoit à donner son nom à des villes. Comme les médailles écrivent toujours HADRIANUS par un H, il faudroit aussi en François écrire Hadrien, & Adriane; mais l’usage contraire a prévalu.

ADRIANISTE, s. m. & f. Nom de Sectaires. Il y en a de deux sortes qui ont porté ce nom. Les premiers Adrianistes étoient une branche des Sectateurs de Simon le Magicien. Théodoret seul nous en a conservé le nom & la mémoire, sans nous en


Tome I. K apprendre