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des doigts, lorsqu’on s’est piqué, & qu’on n’a pas bien fait sortir le sang de la plaie, qui ensuite s’y est corrompu. Paronychia. Il est fort différent du panaris, quoiqu’il vienne au même endroit. Voyez Panaris.

AdVENTURER. v. a. Risquer, mettre au hasard, à l’aventure. Adire aleam. Fortunæ committere, objicere. Il a beaucoup aventuré de mettre son argent dans cette affaire. Cet argent est bien aventuré ; pour dire, qu’on le tient perdu, ou qu’il est en grand danger. On le dit plus souvent avec le pronom personnel, Vous vous aventurez trop. Ce Capitaine s’est bien aventuré, d’entrer si avant dans le Pays ennemi.

Adventuré, ée, part. pass. & adj.

AdVENTUREUX, euse. adject. Hardi, qui s’expose témérairement au péril. Audax, periculi contemptor, ad audendum projectus. Ce soldat est fort aventureux. Ce terme n’est guère en usage.

AdVENTURIER, AVENTURIER, ou AVANTURIER, s. m. Qui cherche la gloire par les armes ; qui court après la fortune à travers les dangers, & les aventures. Il y avoit bien des volontaires, des aventuriers en cette armée. Velites, velones. Les anciens Paladins étoient des Chevaliers aventuriers. Combien de ces mots aventuriers qui paroissent subitement, qui durent un temps, & qu’on ne revoit plus ? La Bruy. On a fait une Histoire des Aventuriers ; ce sont des Corsaires qui ont couru les Isles de l’Amérique. On le disoit particulièrement autrefois de ceux qui alloient volontairement à la guerre pour se signaler, & pour acquérir la réputation de braves.

Adventurier, se dit plus spécialement de ceux qui sont peu favorisés de la fortune, & qui cherchent à s’établir. On le dit aussi des téméraires, qui hasardent tout légèrement, & imprudemment. Temerarius. Cet homme est un aventurier que les mauvais succès ne rebutent point. Le Maréchal de Gassion, si aventurier pour les partis, & si brusque à charger, craignoit les engagemens entiers. S. Evr. Ce nouvel Auteur est un aventurier qui se veut faire connoître en attaquant un Auteur célèbre. Ce Mestre de Camp se mocque des gens, de se mettre à tous les jours ainsi que de pauvres aventuriers. Bussi.

Adventurier. Il s’applique par similitude à ceux qui sans être amoureux d’aucune femme, tâchent de gagner les bonnes graces de toutes. C’est un jeune aventurier, qui ne s’attache à rien, & qui donne à tout. Acad. Franç. Compagnies des aventuriers, ancienne Compagnie d’Anglois autrefois établie à Hambourg, & à Anvers. Larrey. Edouard VI. p. 723.

ADVENTURINE, ou AVENTURINE, s. f. Pierre précieuse, jaunâtre, parsemée de plusieurs points d’or qui lui donnent un brillant admirable. Il y en a aussi de couleur d’olive. On en trouve de fort grands morceaux dans la Bohème & dans la Silésie.

Adventurine. s. f. C’est une sorte de verre mêlé avec de la limaille de cuivre, qui y éclate comme de petits grains d’or. Ce nom lui a été donné, parce que le secret en a été trouvé par aventure. Le hazard ayant fait tomber quelque limaille de cuivre dans les fourneaux des verrier pour faire de l’émail qui devoit venir de la couleur de l’émeraude, le métal demeura sans se fondre, & fit cet agréable mélange de cuivre & de verre qu’on voit en l’aventurine, & qui la rend fort cassante. Ce nom lui peut venir aussi de la ressemblance qu’elle a avec l’aventurine, pierre précieuse.

ADVERBE. s. m. Tèrme de Grammaire. Adverbium. C’est une des parties d’oraison qui ne se décline, ni se conjugue, & qui se joint avec les verbes, ou avec les adjectifs, pour expliquer la manière d’agir, ou de souffrir, & pour en marquer les différentes circonstances. Ce mot vient de la préposition Latine ad, & du nom verbum, verbe, & signifie une diction qui se joint au verbe, non-pas qu’elle ne se joigne qu’au verbe ; mais parce qu’elle s’y joint plus ordinairement ; car elle se joint aussi aux adjectifs, comme on vient de le dire, & même aux substantifs, dans les occasions où ils signifient un attribut, ou qualité de l’objet dont on parle. Il agit constamment ; il est vivement poursuivi ; il est fort malade : il est puissamment riche ; saintement avare ; souverainement maître ; véritablement Roi, plus Mars que le Mars de la Thrace. Malh. Un adverbe se joint même quelquefois à un autre adverbe pour en modifier le sens. Très-courageusement, fort dévotement, bien malheureusement. De-là vient que quelques Grammairiens aiment mieux les appeller modificatifs, & les renfermer sous ce nom avec quelques autres parties d’oraison, comme la préposition, la conjonction. Les adverbes se distinguent en adverbes de temps, de lieu, & en un grand nombre d’autres. Ils augmentent, ou diminuent la force des mots avec lesquels ils sont joints. Notez qu’il ne faut pas placer l’adverbe trop loin de son vèrbe ; & quand c’est à un nom


ou à un autre adverbe qu’il se joint, il ne faut jamais l’en séparer, ni rien mettre entre deux ; les adverbes de quantité veulent avoir l’article indéfini après eux : il y a peu de blé, beaucoup de vin. Il en faut excepter bien, qui demande l’article défini : On a recueilli bien du blé, bien du vin : Il a bien de l’esprit, au lieu qu’on dit, il a beaucoup d’esprit avec l’article indéfini. Il n’est pas nécessaire au reste pour cela que l’adverbe précède immédiatement le nom, comme dans les exemples qu’on vient de rapporter ; il suffit qu’il soit devant : quand il y auroit quelque chose entre-deux, on ne laisseroit pas de mettre l’article indéfini. Il a beaucoup trouvé d’avantage à ce mariage. Il a beaucoup gagné de bien à ce commerce. Les Etrangers manquent souvent à ces règles. Si l’adverbe de quantité ne se rapporte point à la chose dont on parle, mais seulement au verbe dont il amplifie, ou modifie la signification, en ce cas on se sert de l’article défini. Donnez-moi un peu de l’eau : Il aime trop le jeu, ou les femmes ; & s’il se rapporte à la chose, on dit, Donnez moi un peu d’eau. Il y avoit trop de femmes ; voilà trop de jeu, trop de discours. Il est bon de remarquer encore que le génitif, qui vient après les adverbes de quantité, donne la loi au verbe, & le régit : Beaucoup de témoins rapportent. Bien des gens se laissent aller au vice. Il y a des adverbes de quantité, c’est-à-dire, qui marquent la quantité, comme peu, beaucoup ; des adverbes de lieu, comme près, loin ; des adverbes de temps, comme demain, hier, toujours, jamais ; des adverbes de situation, comme en haut, en bas, devant, derrière ; des adverbes de qualité, & le plus grand nombre est de ceux-ci : ils sont ordinairement formés de l’adjectif, qui signifie la qualité, ou la manière, comme écrire poliment}}, parler agréablement, combattre vaillamment ; des adverbes d’affirmation & de dénégation, oui, non, certainement, nullement ; des adverbes de doute, peut-être. On disoit, il y a quelque temps, possible en ce sens ; par exemple, il sera possible guéri dans quatre jours : cette manière de parler n’est plus en usage ; des adverbes de répétition, qui marquent que la chose se réitère, se fait plus d’une fois, encore ; des adverbes de choix & de comparaison, sur-tout, principalement, plus, moins, plutôt ; des adverbes de similitude, comme, ainsi, de même.

On dit proverbialement, que Dieu aime mieux les adverbes que les noms ; c’est-à-dire, que pour lui plaire il ne suffit pas qu’une action soit bonne, qu’il faut encore qu’elle soit bien faite.

ADVERBIAL, ale. adj. qui tient de l’adverbe. Adverbialis. Il se dit de deux ou plusieurs mots joints ensemble, qui ont la force d’un adverbe, comme à tâtons, au pis aller, coup sur coup, de temps en temps, sont des phrases adverbiales, des façons de parler, des locutions adverbiales.

ADVERBIALEMENT. adv. d’une manière adverbiale. Adverbialiter. Ce mot se prend adverbialement en telles ou telles phrases.

ADVERSAIRE. s. m. Qui est d’un parti opposé, ou d’un sentiment contraire. Adversarius. David avoit à combattre un redoutable adversaire : c’étoit Goliath. Cardan avoit un puissant adversaire qui écrivoit contre lui : c’étoit Scaliger en ses Exercitations. Ne poussez point un adversaire à bout. Il faut prendre conseil sur le champ, & se résoudre sur la mine & sur la contenance de son adversaire. Balz. Vous aurez de la peine à vaincre, ou à repousser une si dangereuse adversaire.

ADVERSATIF, ive. adj. Terme de Grammaire, se dit d’une particule ou conjonction, qui marque quelque différence, ou quelqu’opposition entre ce qui la suit, & ce qui la précède. Adversus. Mais est une particule adversative. Je voulois partir ; mais le mauvais temps m’en a empêché. Ou est une conjonction adversative : c’est lui ou vous. Oui, ou non.

ADVERSE. adj. Terme de Palais. Contraire, opposé, Adversus. C’est la personne contre laquelle on plaide. Il y a des Praticiens qui écrivent & qui prononcent averse : c’est une faute. Il faut nécessairement écrire & prononcer le d, comme dans adversaire, adversité, parce qu’il vient d’adversus, & non pas d’aversus. Voilà les deux parties adverses. On dit aussi, l’adverse fortune ; pour dire, la mauvaise fortune. Il ne s’emploie que dans ces deux phrases.

On le dit par application d’une personne qui n’en aime pas une autre, qui la déchire, ou la contredit par-tout : il ne faut pas prendre garde à ce qu’il dit d’un tel, c’est sa partie adverse.

ADVERSITÉ. s. f. Disgrace, malheur, état fâcheux où l’on se trouve par la perte de la santé, de l’honneur, ou des biens. Adversæres. Job souffrit constamment son adversité. Dieu éprouve ses Elus par l’adversité. La vertu se recueille, & se réunit dans l’adversité, au lieu qu’elle se relâche & se dissipe dans le bonheur. Flech. Il est plus aisé de résister aux chagrins de l’adversité, qu’aux charmes de la prospérité. S. Evr. Un ami soulage le poids de l’adversité, parce qu’il en prend la moitié sur lui-même. L’homme ne sauroit tenir ni contre la prospérité, ni contre l’adversité. Flech. Il n’y a rien qui s’use tant, & qui s’épuise si aisément, que les consolations dans l’adversité. B. Rab.

Ces mots viennent de la préposition Adversus. Contre


ADVÈRTIN