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appelée Jacobæa foliis ferulaceis, &c. Inst R. Herb. Ses racines sont fibreuses & noirâtres, & donnent beaucoup de feuilles découpées menu comme celles de l’aurone ; mais elles sont plus amples, d’un vert gai, & d’une odeur qui n’est pas désagréable lorsqu’on les écrase ; leur goût est amer & désagréable. Les tiges qui s’élèvent d’entre ces feuilles, ont un ou deux pieds environ de hauteur : elles sont quelquefois branchues, toujours garnies de feuilles semblables à celles du bas de la tige, mais un peu plus courtes. Ses fleurs naissent à l’extrémité des tiges en manière de bouquet : elles sont jaunes, radiées, un peu plus petites que celles de la matricaire. Ses semences sont oblongues, grêles & chargées d’une aigrette. On ordonne aux asthmatiques, & à ceux qui ont des durillons dans le poumon, d’user de cette plante en fumée, comme du tabac.

ACHILLÉIDE. s. f. Achilleis. C’est le nom d’un Poëme de Stace, dans lequel il devoit décrire toute la vie d’Achille. Il n’a décrit que son enfance. La mort l’empêcha de continuer.

ACHIOTE. s. f. Fruit fort estimé par les Indiens, qui vient de la nouvelle Espagne, qui croît à un arbre nommé Achiote, ou Pamaqua, qui est assez semblable à l’oranger. Le tronc est roux & les branches aussi. Ses feuilles sont comme celles de l’orme pour la couleur & l’âpreté, ses fleurs blanches & purpurines distinguées en cinq feuilles, taillées en étoile. Son fruit est gros comme une petite amande verte, quadrangulaire, avec une écorce semblable à la première écorce de la châtaigne, contenant plusieurs grains rouges, comme des raisins, mais plus ronds. Il est vert toute l’année, & porte son fruit au printemps, & alors on le taille. On tire du feu de son bois comme d’un caillou. De son écorce on fait des cordes plus fortes que celles de chanvre. De sa semence on fait de la teinture pour colorer en rouge cramoisi, & on la mêle avec succès dans toutes les potions réfrigérantes. On en fait une pâte à mesure qu’elle sèche. On en fait des boules, des tourteaux, & on les vend en forme de brique. Ceci est tiré de François de Ximénez, de Laed, & d’Eusébe de Nuremberg, qui en ont fait la description. Voyez Rocou.

ACHIT, ou ACHITH. s. m. Espèce de vigne qui croît à Madagascar, & dont le raisin est de la grosseur de notre verjus. Cette vigne donne beaucoup de grappes vers les mois de Décembre, Janvier & Février. Ses sarmens sont toujours verts ; ses feuilles sont arrondies, entières & semblables à celles du lierre. Les Sauvages appellent son fruit Voachis. Flacourt, Hist. Madag. 138.

ACHOISON. Vieux mot François, qui veut dire occasion : il vient d’occasio. Huet. On disoit aussi achaison, acoison, aquoison.

ACHOPPEMENT. Occasion de faute ; sujet de scandale. Offensa, offendiculum. Il ne se dit qu’au figuré, & presque toujours dans cette phrase : Pierre d’achoppement. Cet Auteur raisonne sur un faux principe ; c’est une pierre d’achoppement qui le fait broncher par-tout. Quelques-uns emploient ce mot seul. C’est l’achoppement de l’antiquité ; pour dire, l’écueil. On dit encore, être en achoppement à quelqu’un ; pour dire, le traverser dans ses entreprises, & chercher à le chagriner par-tout.

ACHORES. s. m. C’est la troisième espèce de teigne. Les achores sont des ulcères de la tête qui s’étendent toujours, perçant la peau de plusieurs petits trous, dont il sort une ordure visqueuse. La cause prochaine des achores est une humeur acre, séreuse, nitreuse & piquante, jointe à une humeur grossière. Degori.

ACHRONIQUE. adj. Terme d’Astronomie, qui se dit d’un astre ou d’un point du ciel qui est opposé au soleil dans son lever, ou dans son coucher ; c’est-à-dire, que l’un se leve, quand l’autre se couche, & que l’étoile étant en opposition au soleil, se fait voir toute la nuit. Achronicus. Le lever achronique de Mars, lequel se trouve alors plus près de la terre que le soleil, a fait abandonner l’ancien système de Ptolomée, qui place la terre dans le centre du monde, & Mars au-delà du soleil. Ce mot vient de l’α privatif & de ϰρόνος, tempus, temps.

ACI.

ACIDALIENNE. adj. f. Acidalia. Surnom de Vénus, que les Grecs lui donnèrent, ou parce qu’elle cause des chagrins & des soins, en Grec ἀϰίδας, ou d’une fontaine de Béotie


qui lui étoit dédiée, & qui se nommoit Acidale, & étoit dans la ville d’Orchomène.

ACIDE. adj. m. & f. Aigre, piquant ; tels que sont les citrons, les grenades, & les fruits qui ne sont pas mûrs. Acidus. Les liqueurs acides sont rafraîchissantes. Toutes les choses aigres font maigrir, parce que leurs parties acides sont comme autant de petits couteaux tranchans, qui brisent subtilement les parties du chyle propres à la nourriture, & les entraînent dehors avec elles. Par la même raison les liqueurs mêlées d’esprits acides tempèrent l’ardeur de la fièvre, parce que ces particules acides rompent & atténuent les parties du sang qui fermentent avec trop de violence.

Acide, s. m. Terme de Chymie. Acidum. Sel piquant, & dissolvant. Il est en ce sens opposé à l’alkali : & sur ces deux principes quelques Chymistes, & quelques Médecins modernes ont fondé une nouvelle explication de toutes les causes physiques. L’eau prise immodérément émousse les acides de l’estomac, & lui ôte la force de cuire les alimens. On le fait venir du Grec ἀϰίς, pointe, parce que les acides piquent la langue. Les acides ont les parties longues, flexibles, pénétrantes, & atténuantes qui ont des pointes aiguës & perçantes. Il y a des acides naturels, & des acides artificiels. Les acides naturels sont ceux qui ont l’acidité de leur propre nature, comme le jus de citron, &c. Les acides artificiels sont ceux qui le sont par le moyen du feu dans les opérations de Chimie. Ainsi les esprits acides, ou liqueurs infernales, comme les Chimistes les appellent, à cause de la force qu’elles ont de détruire ou de dissoudre les corps ; ces liqueurs, dis-je, ne sont autre chose qu’un sel acide dissous, & mis dans un violent mouvement par le moyen du feu. Harr.

Le vitriol est le plus grand des acides, ensuite le sel marin, & puis le salpêtre, le soufre, le vinaigre, & enfin l’alun. Cet acide diffère de ce qu’on appelle au propre aigre ; parce que l’aigre ne se dit proprement que de la saveur ; au lieu que l’acide des Philosophes se dit de tout ce qui est corrosif, & qui pénètre, dissout, ou corrompt la substance des choses. Il est composé de petites parties aiguës qui s’insinuent dans les pores des corps qu’elles rencontrent, & en font la désunion, & la séparation. Les liqueurs acides rougissent la teinture du tournesol. Pour connoître si une liqueur contient quelqu’acide, il ne faut qu’en verser un peu sur du syrop de violettes étendu sur du papier, ou sur une dissolution de fleurs de bluet ; car alors le bleu se changera tout d’un coup en rouge, ou en couleur de pourpre ; & s’il se change en verd, c’est un signe que la liqueur abonde en sels urinaux, ou lixiviaux. Harris. Voyez l’effet des acides, pour le changement des couleurs & des saveurs, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, écrits par Mr Dodard, ou dans le Traité de Mr Boyle, de la nature des couleurs.

Les acides tempèrent l’ardeur des fièvres, à cause qu’en épaississant la masse du sang, ils en rallentissent les mouvemens impétueux. Les acides versés sur les matières huileuses y causent des changemens qui varient, suivant la nature différente des acides & des matières grasses qu’on veut mêler. La plupart des acides coagulent, & figent le lait. Le mélange d’esprit de nitre & d’esprit de vin, donne une effervescence considérable, accompagnée d’une grande chaleur & d’une raréfaction très-sensible. L’esprit de nitre bien déflegmé & versé sur l’huile de gayac, ou sur celles de gérofle & d’ambre, enflamme tout aussi-tôt ces matières huileuses.

Acide, Terme de Médecine, est un suc séparé par le pancréas. Succus acidus. L’usage du pancréas est de séparer & de filtrer, par le moyen des glandes dont il est composé, un suc acide, qui est porté ensuite par son canal dans le duodénum, où ce suc sert de dissolvant, conjointement avec la bile, pour y donner au chyle sa dernière perfection. On l’appelle aussi Suc Pancréatique. Voyez ci-après ALKALI.

ACIDITÉ. s. f. Qualité aigre & piquante qu’on trouve dans tous les acides. Sentiment d’aigreur qu’excitent les acides en piquant la langue. Acor. Un peu de vitriol laisse dans l’eau une acidité agréable. Le vinaigre & le verjus ont des acidités différentes. L’acidité des câpres réveille l’appétit. On corrige l’acidité des limons par le sucre. Les alimens, qui par leur acidité, produisent une fermentation, causent la fièvre.

ACIDULÆ, s. f. & plur. Terme de Médecine. On appelle ainsi des eaux minérales, qui ne sont point chaudes. Har-


Tome I. H ij ris,