Page:Trevoux - Dictionnaire , 1704, T01, A-Cenobitique.djvu/65

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ADO. ADO. ADO.

Admodié, ée, part. pass. & adj. Locatus, conductus.

ADMONEsTER, v. act. Tèrme du Palais, avèrtir, faire une remontrance, une corrèction en justice. Admonere. L’arrêt ordonne qu’un tel Procureur sera Admonesté. C’est une peine qui s’impose en matière criminelle, & qui se joint ordinairement avec !’aumône. Cela se fait à huis clos, & n’emporte point de nom, comme la condamnation d’être blâmé & réprimandé, qui est suivie de l’amende. On dit aussi qu’un Confesseur doit admonester son pénitent ; le réprimander doucement des fautes dont il s’accuse.

Admonesté, ée, part. pass. & adj. Admonitus.

ADMONITION, s. f. Avertissement, action par laquelle on amonète. Admonitio. Il y a un arrêt d’admonition & d’interdiction contre cet Officier. Un bénéficier scandaleux doit être privé par le Juge de ses Bénéfices après trois admonitions. On a fait plusieurs admonitions au prône ; pour dire, plusieurs publications de censures.

ADN.

ADOLESCENCE, s. f. La fleur de la jeunesse, l’âge qui suit l’enfance, depuis 14 ans jusqu’à 25. Adolescentia, adulta ætas. Cet homme dès son adolescence s’est mis dans les voies de la fortune. La Bruy. Clément Marot a fait un recueil des vers faits en sa jeunesse, qu’il appelle l’adolescence Clémentine. Il ne se dit que des garçons.

Adolescence, se dit figurément du premier âge du monde. On ne l’emploie que dans le style élevé. On feroit encore mieux de ne l’employer nulle part. L’innocence & la vertu regnoient parmi les hommes, lorsque le monde étoit encore dans son adolescence.

ADOLESCENT. s. m. Jeune homme depuis 14 ans jusqu’à 25 ans. Adolescens. Il ne se dit guère qu’en plaisantant. C’est un jeune adolescent ; pour dire, c’est un jeune homme étourdi, sans expérience.

Ce mot vient d’adolesco, mot latin qui signifie croître ; parce que le temps de l’adolescence dure tout autant que le corps croît & se fortifie, tant que les fibres continuent de croître & d’acquérir de la consistance. Après l’âge de l’adolescence, le corps ne reçoit plus guère d’accroissement.

ADONC. adv. Vieux mot, qui signifioit, alors, ou donc. Tunc, igitur.

Adonc, répondit l’épousée,
Je ne vous ai pas mors aussi. Mar.

ADONIA, c'est le nom d'une fête qui étoit solemnelle dans toute la Grece. De Merignac dans son Commentaire sur la lettre qu'Ovide a écrite sous le nom de Phedre à Hyppolite, fait cette remarque : Je ne dirai rien ici de la fête nommée Adonia. que l'on célébroit à l’honneur d’Adonis, partie avec tristesse & avec plusieurs lamentations, représentant sa mort & sa descente vers Proserpine, partie avec beaucoup de réjoüissance en mémoire de son retour aux enfers, & du séjour qu'il venoit faire avec Vénus. Car Meursius en a écrit fort exactement au livre qu'il a fait des fêtes des Grecs, qui a été imprimée in 8. à Anvers sous le titre de Eortologion.

ADONIQUE, ou ADONIEN, adj. Terme de Poësie. C’est un vèrs en usage chez les Grècs & les Latins, composé d’un dactyle & d’un spondée, qu’on met à la fin des vèrs saphiques. On lui, a donné le nom de son inventeur.

Nec mori per vim metuam, tenente
 :  : Cæsare terras. Hor.

ADONNER. v. neut. qui ne se dit qu’avec le pronom personnel. Se donner, s’appliquer, s’attacher à quelque exercice, à quelque profession. Dedere se. Ce jeune homme s’est adonné à l’étude de la Jurisprudence. Celui-là s’est entièrement adonné aux Mathématiques.

Adonner, se dit des personnes que l’on voit, chez qui l’on va souvent. Comme il étoit Gascon, il s’adonna chez le Maréchal de Grammont. Bussi.

Adonner, se dit aussi en ce sens en parlant des choses où notre plaisir & notre inclination nous portent. Ce jeune homme est adonné aux femmes, au vin, au jeu : cet autre est adonné à l’étude, à la chasse, aux armes. Heureux celui qui s’adonne à la vertu.


On dit quelquefois d’un chien, qu’il s’est adonné dans une maison ; pour dire, qu’il y est venu de lui-même, qu’il s’y est apprivoisé. On le dit aussi des hommes qui s’intriguent & se familiarisent dans quelque maison. Admiscere se.

On dit en termes de Marine, que le vent adonne, quand il change, & devient plus favorable qu’il n’étoit.

s’Adonner. Le Peuple dit aussi en parlant des chemins : Je vous prie de passer chez moi, quand votre chemin s’adonnera de ce côté-là. Cùm iter feret.. Quand on est égaré dans une Forêt, on marche selon que le chemin s’adonne ; selon les sentiers qu’on trouve.

Adonné, ée, part. pass. & adj. Deditus. Ce mot vient de ad & de donare.

ADOPTER. v. act. Prendre un étranger pour le faire entrer dans la famille, comme son propre fils, & lui donner droit à sa succession, en cette qualité. Adoptare. La coutume d’adopter étoit fort familière aux Romains, ils l’avoient prise des Grecs, qui l’appeloient ὑίωσις ; mais elle n’est point en usage en France. Elle a encore lieu en quelques endroits de l’Empire. Celui qui étoit adopté passoit dans la famille, & entroit sous la puissance paternelle de celui qui l’adoptoit ; mais il n’étoit point délivré de celle de son père naturel, qui conservoit ses droits.

Du Cange dit que ce mot vient du Latin adoptare, d’où on a fait dans la basse Latinité adobare, qui signifie, faire Chevalier, ceindre l’épée : d’où est venu aussi le mot de miles adobatus, qui signifioit un Chevalier nouvellement fait, parce que celui qui le faisoit Chevalier, en faisoit une espèce d’adoption.

On dit aussi, par la Passion de J-Christ, nous sommes adoptés enfans de Dieu ; nous avons part à l’héritage céleste. Les Religieux ont mis la réforme dans un tel Couvent, & l’ont adopté & uni à leur Congrégation.

Adopter, se dit figurément en choses morales, pour signifier qu’on s’approprie & qu’on s’empare des pensées & des ouvrages d’autrui. Vindicare, adscissere. Il se prend aussi dans un bon sens, pour exprimer qu’on approuve les sentimens d’autrui.

Adopté, ée, part. pass. & adj. Adoptatus.

ADOPTIF, ive. adj. Qu’on a adopté. Adoptativus, filius adoptivus.. L’Empereur Adrien préféroit les enfans adoptifs aux enfans naturels, parce qu’on choisit les enfans adoptifs, & que le hasard donne les enfans naturels. Les enfans adoptifs chez les Romains partageoient avec les enfans naturels. C’est pourquoi ils prenoient le nom & le surnom de celui qui les adoptoit ; seulement pour marquer leur extraction & leur naissance, ils ajoûtoient le nom de la maison d’où ils descendoient, ou le surnom de la branche particulière dont ils étoient issus. Ménage a fait imprimer un livre d’éloges, ou de vers qu’on lui a adressés, & qu’il appelle un livre adoptif, qu’il a joint à ses œuvres. D. Heinsius & Furstemberg de Munster ont aussi publié des Livres adoptifs ; c’étoient des recueils de Poësies faites à leur honneur.

ADOPTION. s. f Action par laquelle on adopte. Adoptio. L’Adoption se faisoit par un acte public, & avec certaine formule. C’étoit une imitation de la nature, inventée pour la consolation de ceux qui n’avoient point d’enfans ; cette imitation de la nature étoit si régulière, que les Eunuques ne pouvoient adopter, parce qu’ils étoient dans l’impuissance actuelle d’avoir des enfans. Il n’étoit pas non plus permis au plus jeune d’adopter le plus vieux, parce que cela eût été contre l’ordre naturel ; & il falloit que celui qui adoptoit, eût 18 ans plus que l’enfant adoptif, afin qu’il pût être père : car l’adoption eût été un monstre, si le fils eût été plus âgé que le père. Chez les Romains on distinguoit deux sortes d’adoptions : l’une qui se faisoit devant le Préteur ; & l’autre par l’assemblée du peuple, dans le temps de la République, & depuis par un rescrit des Empereurs. La 1. regardoit un fils de famille, & alors on s’adressoit au Préteur devant lequel le père naturel déclarait, qu’il émancipoit son fils, & qu’il consentoit qu’il passât dans la famille de celui qui l’adoptoit. La 2. regardoit une personne libre, & cette espèce d’adoption s’appeloit adrogation. adrogatio. Les anciens Gaulois appeloient


l'adoption avec afiliation. L'adoption ne se pratique point en France : on en trouve seulement quelques vestiges dans la coutume de Saintonge, qui porte que l’affilié ne succède à l’affiliant qu’aux biens meubles, & non aux héritages, pour lesquels l’adoption ne lui peut profiter. Au reste, les enfans par adoption n’étoient point distingués des autres, & ils entroient dans tous les droits que la naissance donne aux enfans à l’égard de leurs pères. C’est pourquoi ils devoient être ou institués héritiers ou nommément exhérédés par le père qui les avoit adoptés ; autrement le Testament étoit nul. Cependant l’enfant adoptif ne succédoit point aux parens du père adoptant, à moins qu’ils n’eussent consenti à l’adoption. Les Chrétiens sont enfans de Dieu par adoption. C’est une espèce d’adoption que la réception d’un Religieux. C’est aussi une espèce d’adoption honoraire que l’institution d’un héritier universel, à la charge de porter le nom & les armes de la famille. Cette adoption testamentaire étoit aussi en usage chez les Romains : mais comme cette espèce d’héritier n’étoit qu’un simple légataire, plutôt qu’un enfant adoptif, il falloit que l’adoption par testament fut confirmée par le Peuple. Ainsi, lorsqu’Auguste se trouva adopté par le testament de César, M. Antoine retarda la confirmation de l’assemblée du Peuple, parce qu’il ne vouloit point qu’Auguste fût appelé le fils de César en vertu d’une adoption juridique.

ADORABLE. adj. m. & f. Digne d’être adoré, qui mérite le plus profond des respects. Adorandus. Dieu seul est adorable. Les mystères de la Religion sont adorables.

Adorable, se dit aussi abusivement & hyperboliquement des choses du monde qu’on aime infiniment. Venerandus. Les amans trouvent leurs maitresses adorables : c’est une exagération amoureuse.

ADORATEUR, atrice. s. m. & f. Celui ou celle qui adore, qui rend un culte, & des hommages religieux, Cultor, venerator, Cultrix. Les adorateurs du vrai Dieu. Il y a beaucoup d’observateurs des coutumes, & des bienséances, mais peu d’adorateurs en esprit & en vérité. Flech.

On le dit abusivement de celui qui estime, ou qui aime passionnément, ou qui admire extrêmement. Ce galant est l’adorateur de toutes les belles. Les femmes du monde font vanité de traîner avec elles une foule d’adorateurs. S. Evr. Ce Poëte est l’adorateur de ses propres ouvrages. On le dit encore de ceux qui font la cour avec trop de soumission & de bassesse, aux personnes élevées au dessus d’eux. Les favoris trouvent plus d’adorateurs que d’amis. Bouh.

Je n’ai percé qu’à peine,
Les flots toujours nouveaux d’un peuple adorateur,
Qu’attire sur ses pas sa prochaine grandeur. Racin.

ADORATION. s. f. Vénération. Action par laquelle on rend le plus grand des respects, & des honneurs divins, soit par une posture humiliée, soit par d’autres actes d’une profonde soumission. Adoratio. L’adoration suprême n’est dûe qu’à Dieu. Notre culte & nos adorations sont absolument inutiles s’il est vrai que Dieu a décidé de nous par un décret éternel. Port-R. Le plus grand des péchés est l’adoration des Idoles. Dieu hait les grimaces & les adorations extérieures des hypocrites.

On le dit aussi des choses & des personnes, pour lesquelles on a beaucoup d’amour & d’admiration, & une estime accompagnée d’un profond respect. Cultus, veneratio. L’amour que les peuples ont pour un Prince vertueux & bienfaisant, va jusqu’à l’adoration. Les femmes qui ont de la beauté, s’imaginent que nous leur devons des adorations comme à des divinités. S. Evr. Un Prince accoutumé à l’adoration, n’écoute des remontrances qu’avec impatience.

On crée un Pape par l’adoration, ou par le scrutin. L’élection par l’adoration se fait lorsque les Cardinaux vont brusquement, & comme inspirés du S. Esprit, à l’adoration d’un d’entr’eux, & le proclament Pape. Cette manière d’élection est dangereuse, parce qu’étant confuse & tumultueuse, & n’étant point accompagnée d’une délibération tranquille, il arrive qu’el-


le se