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ADM. ADM. ADM.

Adjugé, ée, part. pass. & adj. Adjudicatus.

ADJURATION. s. f. Obsecratio, obtestatio, imperium. Terme ecclésiastique. Injonction, commandement qu’on fait au Démon, de la part de Dieu, de sortir du corps d’un possédé, ou de déclarer quelque chose.

ADJURER. v. act. Faire des adjurations, des exorcismes. Adjurare, obtestari, imperare. Je t’adjure par le Dieu vivant, &c. c’est à-dire, je t’exhorte, je te conjure, je te commande. Ce mot vient du Latin adjurare. Quoiqu’il ne signifie pas la même chose, on ne laisse pas néanmoins de s’en servir dans les exorcismes.

ADM.

ADMETTRE. v. act. Recevoir, donner entrée, rendre participant de quelque avantage. Admittere. Admettre quelqu’un aux charges. Admettre un Ambassadeur à l’audience. Ce Prêtre a été jugé capable, il a été admis aux Ordres sacrés. Un honnête homme est admis & bien reçu dans toutes les bonnes compagnies. Il a été admis à la défense & à faire preuve de ses faits justificatifs. Je ne puis pas admettre cette proposition, en demeurer d’accord. Je ne puis admettre vos excuses, c’est-à-dire, les approuver, les recevoir pour bonnes & valables.

Admettre. Terme de Finances. C’est recevoir une partie, ou un chapitre, ou article, en recette dans un compte, en vertu des pièces justificatives qui sont rapportées. Ce Commis en rendant ses comptes n’a jamais pu faire admettre trois ou quatre articles aux Fermiers Généraux ; mais ils lui ont passé tous les autres. On dit aussi passer dans le même sens.

Admis, ise. part. pass. & adj. Admissus.

ADMINICULE. s. m. Terme de Jurisprudence. Commencement de preuve, ou preuve imparfaite ; circonstance ou conjecture, qui contribue à former, à fortifier une preuve. Adminiculum. Il y a tant de présomptions et d’adminicules contre cet accusé, qu’on pourroit lui donner la question. Un puissant adminicule.

ADMINISTRATEUR, Administratrice, s. m. & f. Celui qui régit les biens de quelqu’un, qui est chargé du soin de les administrer. Administrator, Curator, procuratrix. Un pere est le légitime tuteur & Administrateur de ses enfans. On l’applique à ceux qui prennent soin du salut & de la conscience de ceux qui leur sont commis. Dieu a établi les Anges pour des esprits Administrateurs. Boss. On l’étend encore à ceux qui distribuent la Justice, & qui exercent la puissance publique.

Administrateur, se dit aussi de celui qui est un des Directeurs d’un Hôpital, ou de quelque maison religieuse ; qui a soin d’en recevoir les revenus, de les distribuer, & d’en ordonner. Il y a plusieurs Administrateurs de l’Hôtel-Dieu, de l’Hôpital général. Ces Administrateurs sont les tuteurs des pauvres. Les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu de Paris assistent aux Assemblées générales de police. De la Marre. Les Administrateurs des revenus publics doivent être vigilans, & désintéressés. Les Administrateurs des Léproseries jouissoient autrefois de leur revenu.

ADMINISTRATION. s. f. Conduite, gouvernement des Affaires, exercice de la Justice distributive. Administratio. Les Rois fainéans se reposoient de l’Administration de leur État sur leurs Ministres. Les guerres civiles pendant les minorités ont d’ordinaire pour prétexte la mauvaise administration des affaires, ou les abus qui se commettent dans l’Administration de la Justice.

Administration, se dit aussi de la régie, du maniement, & de la direction des biens d’un mineur, d’un furieux, d’un interdit. Il faut qu’un tuteur rende compte de l’Administration qu’il a eue des biens de son pupille. On le dit aussi de la régie des Hôpitaux, tant pour le temporel, que pour le spirituel. L’administration de cet Hôpital est en bonne main.

Administration, se dit encore des fonctions ecclésiastiques. C’est un tel Prêtre qui est chargé de l’Administration des Sacremens dans une telle Paroisse. On interdit l’administration des sacremens à un Prêtre irrégulier ; c’est-à-dire, on lui défend de les conférer. En matière bénéficiale on distingue deux sortes d’administration : l’une au temporel, & l’autre au spirituel. L’administration au temporel consiste dans le droit d’administrer la Justice, de recevoir les redevances, de donner à ferme, &c. L’Administration au spirituel consiste dans le pouvoir d’excommunier, de corriger, de conférer les Sacremens, &c. Ainsi quand un évêché est vacant par résignation, l’administration du temporel appartient au Roi par le droit de Régale ; mais il n’a point l’administration du spirituel, & le résignant conserve le pouvoir de conférer les Bénéfices jusqu’à ce que le résignataire ait reçu ses provisions. Bouch.

Administration, se dit aussi au Palais, des titres, preuves, ou témoins qu’on fournit a quelqu’un en Justice. Suppeditatio. Un dénonciateur doit faire l’administration des témoins au Procureur Général.

ADMINISTRER. v. act. Gouverner les affaires ; manier les biens d’une personne, ou d’une Communauté. Administrare. Tandis que ce surintendant a vécu, les Finances ont été bien administrées. Il est difficile d’administrer les affaires publiques au gré de tout le monde. Les Hôpitaux de Paris sont fort bien administrés. Ce tuteur onéraire a fort bien géré & administré la tutelle de ce Prince, il en a rendu bon compte. Ce Magistrat a fort bien administré la Justice tant qu’il a vécu.

Administrer, se dit aussi en matière ecclésiastique, pour conférer. Ce Curé a administré les Sacremens à cet agonisant.

Administrer, signifie aussi au Palais, Fournir des preuves, des titres & des témoignages. Suppeditare. Il a administré des témoins suffisans au Procureur général, pour vérifier la dénonciation. Un poursuivant criées somme tous les opposans de lui administrer & fournir titres & moyens, pour faire débouter un nouveau créancier de sa demande.

Administré, ée. part. pass. & adj. Adminitratus.

ADMIRABLE. adj. m. & f. Digne d’admiration, qui attire l’admiration. Admirabilis, mirandus, mirificus. Pétrone est admirable dans la pureté de son style, & la délicatesse de ses sentimens. S. Evr. Ce Peintre est admirable pour son coloris. Cet homme est admirable dans sa conduite. Jean Bacon a été nommé par excellence, le Docteur admirable.

Admirable, dans le discours familier, signifie charmant, excellent, beau. Ce vin est admirable. Ce ragoût est admirable. Faire une chère admirable. Voici une saison admirable.

On s’en sert ironiquement en cette phrase : Vous êtes un homme admirable, de vous laisser persuader si aisément ces bagatelles ! Je vous trouve admirable d’oser me plaisanter ! Le détour est fort bon, & l’excuse admirable ! Mol.

ADMIRABLEMENT. adv. D’une manière admirable, parfaitement bien. Admirabiliter, mirifica. Il parle admirablement bien sur la Physique. Cela vous sied admirablement.

ADMIRAL. Voyez Amiral.

ADMIRATEUR, atrice. adj. presque toujours employé substantivement. Celui qui admire. Admirator. Miratrix. C’est un admirateur de tous les beaux esprits. Il est passionné admirateur des Anciens. Boil. Sans l’amour nous serions de tranquilles admirateurs des beautés les plus parfaites. S. Evr. On est bien souvent son premier & son unique admirateur. M. Scud. Les grands admirateurs sont la plûpart de sottes gens. S. Evr. Notre siècle est fertile en sots admirateurs. Boil.

De ses tristes écrits admirateur unique,
Plaint en les relisant l’ignorance publique. Boil.

ADMIRATIF, s. m. Terme de Grammaire. Ponctuation qui marque qu’il faut admirer, marquée ainsi ( !) Punctum admirationis.. On dit aussi, un geste admiratif, un ton admiratif. Et en ces phrases il est plûtôt adjectif que substantif.

Les Imprimeurs appellent un admiratif, le signe, ou la ponctuation, qui se met après un discours de contemplation, ou d’élévation.

ADMIRATION, s. f. Mouvement, passion de l’ame ; action, par laquelle on regarde ou avec une haute estime, ou avec étonnement, quelque chose de beau, de grand & de surprenant. Admiratio.. Les prodiges excitent l’admiration Felib. Le Tasse & l’Arioste voulant représenter un homme dans l’admiration, le font paroître comme immobile. Felib. L’admiration qu’on a pour les actions glorieuses est


souvent accompagnée d’un secret déplaisir de n’en pouvoir faire autant. Cosr. Rien n’attire plus l’admiration de tout le monde que la vertu. Dur. Vous ne plairez jamais à un homme si fier, à moins que vous ne soyez dans une admiration continuelle pour tout ce qu’il fait. Rochef. Un discours si grave nous remplit d’une profonde admiration. Du R. L’admiration gâte & corrompt le cœur. Maleb. Ce qui fait l’admiration du Peuple ne divertit pas toujours les gens d’esprit. S. Evr. Ce qui rend la solitude insupportable à la plupart des gens, c’est qu’elle les éloigne de l’admiration. Port-R. Quand l’homme ne regarde Dieu que comme son Juge, il cesseroit de l’admirer, s’il pouvoit lui refuser son admiration. Abad.

Admiration, se dit aussi de la chose qui se fait admirer. Ce Prince est l’admiration de son siècle. S. Chrysostôme a été l’honneur de son siècle, & l’admiration de la posterité. Nicol.

On dit proverbialement que l’admiration est la fille de l’ignorance ; c’est-à-dire, une admiration fausse & mal fondée. C’est dans ce sens que S. Evremont a dit, que l’admiration est la marque d’un petit esprit.

ADMIRER, v. act. Considérer avec surprise ; regarder avec étonnement quelque chose de surprenant, ou dont on ignore les causes. Admirari, mirari.. Admirer les mystères divins. On n’admire rien tant qu’un homme qui sait être malheureux avec courage. Racin. Admirer la magnificence d’un Prince ; on admire beaucoup le mépris des grandeurs. Du R. Les hommes vains ne songent qu’à se faire regarder, & à se faire admirer. St. Evr. Nous aimons toujours ceux qui nous admirent ; & nous n’aimons pas toujours ceux que nous admirons. Rochef. La seule chose qui puisse rendre l’homme heureux, c’est de n’admirer rien ; parce qu’alors on ne desire rien. Dac. Les hommes n’aiment point à vous admirer ; ils ne cherchent qu’à être applaudis eux-mêmes. La Bruy. Bien des gens admirent un faux merveilleux enveloppé d’une obscurité qu’ils respectent. Fonten. On ne peut trop admirer la grandeur & l’étendue des cieux. Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire. Boil.

On dit aussi ironiquement & en mauvaise part, Pour moi je vous admire ; pour dire, Je ne comprens pas à quel point va votre foiblesse :j’en suis surpris. N’admirez-vous pas la folie des hommes ? J’admire l’avarice de cet homme qui a des richesses immenses.

Il se met aussi avec le pronom personnel. Un sot content de tout ce qu’il fait, s’admire lui-même. Boil.

Admiré, ée, part. pass. & adj. Suspectus.

ADMISSIBLE, adj. m. & f. Valable, recevable. Legitimus, Probabilis. Il ne se dit guère qu’en ces phrases. Cette raison n’est pas admissible. Ces moyens de faux ont été déclarés pertinens & admissibles.

ADMISSION, s. f. Réception, action par laquelle on est admis. Admissio. La calomnie qu’on a débitée contre cet Ecclésiastique a empêché son admission aux Ordres.

ADMITTATUR, subst. masc. Billet que donnent les Examinateurs, portant certificat qu’un homme est capable d’obtenir des degrés dans une Faculté, ou digne d’être pro- mu aux Ordres. Ce Prêtre a reçu du grand Vicaire son admittatur.

AdMODIATEUR, s. m. Fermier, métayer qui prend un héritage d’un propriétaire pour le cultiver, & lui rendre une partie des fruits. Conductor, Redemptor. Ce Paysan a jour 30. ans de cette terre en qualité d’admodiateur, de fermier.

AdMODIATION, s. f. Bail d’un héritage en argent, ou pour la moitié des fruits, en les partageant entre le maître & le métayer. Conductio, redemptio.

AdMODIER, v. act. Affermer un héritage à moitié fruits, ou à une certaine redevance de grains. Locare. Il vaut mieux admodier sa terre, que de la cultiver soi-même. Ce mot vient de modius, parce que ces baux se font d’ordinaire à une certaine quantité de muids de grain. On ne se sert de ces mots-là qu’en certaines Provinces.


D iij Admodié