Page:Trois petits poèmes érotiques - La foutriade, La masturbomanie et La foutromanie, 1828.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
LA FOUTRIADE

S’ils veulent dans ses cons aujourd’hui nets et sains
Après leur guérison foutre encor leurs engins.

Instruite exactement de son noble message,
Poilépais fait cingler l’esquif vers le rivage,
Tandis qu’à ses sujets Viferme dit ces mots
Qu’entrecoupent vingt fois ses douloureux sanglots :

« Malheureux compagnons ! nous sommes les victimes
» De monstres qu’ont vomis les liquides abîmes.
» Nous les avons foutus. Soudain, de cruels maux
» Nous ont fait regretter de n’être plus puceaux.
» Vains regrets ! Nous souffrons. Mille douleurs cuisantes
» Aiguisent sur nos corps leurs pointes déchirantes.
» Le trépas même approche… Eh ! qu’il ne tarde pas
» A plonger dans nos seins son tranchant coutelas.
» La mort est chère à ceux que le malheur accable.
» Appelons donc, amis, cette mort ineffable.
» Qu’elle frappe !… que dis-je ? ah ! n’implorons ses coups
» Qu’alors que les putains auront fui loin de nous.
» Qu’elles n’insultent pas à notre heure dernière.
» Qu’elles laissent nos corps giser sur la poussière
» Pour que d’autres humains en parcourant ces lieux
» Voient des amours lascifs les effets malheureux,
» Et se gardent jamais de se livrer aux femmes
» S’ils veulent éviter des châtiments infâmes.
» Amis, renvoyons donc ce peuple de putains.
» Que son vaisseau l’emporte en des climats lointains.
» S’il résiste, s’il veut ne point quitter nos rives,
» Gardons-nous d’écouter ses paroles plaintives.
» Rappelons notre force et notre ancienne ardeur,